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que toujours de faire mention, parce que suivant les apparences, les Provinces de l’Empire où ils faisoient leur séjour ordinaire, n’y étoient pas directement interessées. Ainsi, bien que ces Chroniques fournissent d’excellens materiaux à ceux qui travaillent sur l’Histoire de France, on n’y trouve point une notion complette & satisfaisante de l’origine, des progrès, & de l’établissement de notre Monarchie.

Quant à ceux des Auteurs contemporains qui ont composé l’Histoire du cinquiéme ou du sixiéme siecle, & dont les ouvrages sont venus jusqu’à nous, les uns l’ont écrite en Grec, & les autres en Latin. Parlons d’abord de ceux qui ont écrit en Grec.

Quoique Zozime finisse son Histoire avant les tems où Clodion jetta dans les Gaules les premiers fondemens de la Monarchie, son Livre ne laisse pas de nous donner de grandes lumieres sur cet évenement. C’est Zozime qui nous apprend dans une narration circonstanciée, que sous Honorius & environ l’année quatre cens neuf, les peuples des cinq Provinces des Gaules, qui composoient le Commandement Armorique, ou le Gouvernement Maritime, se confédérerent ; & qu’après avoir chassé les Officiers de l’Empereur, elles s’érigerent en République. C’est même de Zozime seul, que nous tenons le tems & les circonstances de cette révolution, & c’est ce qu’il nous en dit, qui nous donne l’intelligence de plusieurs passages d’autres Ecrivains qui vivoient dans le cinquiéme siecle, & qui font mention de nos Républiquains. Ainsi c’est par le moyen de Zozime que nous sommes au fait des révolutions, qui sous le regne de Clodion, donnerent lieu à l’établissement de la Monarchie Françoise dans les Gaules, & qui sous le regne de Clovis, acheverent de l’y affermir, puisque rien ne contribua plus à la rendre durable, que l’union que les Francs firent avec les Armoriques en l’année quatre cens quatre-vingt-dix-sept. Malheureusement le Livre de Zozime finit peu de pages après celle où il raconte le soulevement & la confédération de ces Peuples. Il est donc veritablement d’un grand secours pour éclaircir l’Histoire des premiers tems de notre Monarchie, mais on n’y lit point cette Histoire.

On trouve, pour débrouiller le commencement de nos Annales, plus de secours dans l’Histoire des guerres faites sous les auspices de l’Empereur Justinien, & composée par Procope[1]. Il avoit été mis par Justinien même auprès de Bélisaire comme

  1. Allemana. Praef. in Anec. Procop. p. 9.