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gea Gundicaire et ses Bourguignons à se soumettre aux conditions qu’il voulut bien leur octroïer. Mais soit qu’Aëtius ne leur eût accordé la paix qu’avec l’intention de prendre mieux ses avantages pour les attaquer, soit que le hasard seul l’ait voulu ainsi, un an après le traité, Gundicaire, et tous ceux des Bourguignons qui, suivant les termes dont Prosper se sert, devoient être restés dans les Gaules avec ce roi, furent exterminés par les Huns.

J’ai deux choses à faire observer au lecteur concernant cet évenement. La premiere est qu’Idace ne marque la défaite de Gundicaire par les Huns, que sur l’année quatre cens trente-six, quoique les fastes de Prosper, pour ne point couper le récit des avantures de Gundicaire, la placent en quatre cens trente-cinq. Idace ne rapporte le massacre des Bourguignons, qu’après avoir dit qu’Aëtius fit lever le siege de Narbonne aux Visigots. Or nous verrons par les fastes mêmes de Prosper, que la rupture ouverte entre les Romains et les Visigots, qui fut suivie du siége de Narbonne et de la levée de ce siége, est un évenement arrivé seulement en quatre cens trente-six. La seconde chose que j’ai à dire au lecteur concernant le massacre de Gundicaire et de ses Bourguignons, c’est que, suivant les apparences, ce massacre fut l’ouvrage du corps nombreux d’Alains ou de Huns, qu’Aëtius fit venir alors dans les Gaules, pour l’y employer contre les ennemis de l’empire, et pour avoir auprès de lui des troupes, sur la fidelité desquelles il pût compter en toute occasion. Nous avons parlé déja de l’affection que cette nation avoit pour lui, et nous ferons mention plusieurs fois dans la suite de ce corps de troupes, dont notre géneral tira de grands services, et auquel il donna même quelques années après, des quartiers stables, ou si l’on veut des habitations le long de la Loire. Je me contenterai donc de dire ici que c’est le corps de troupes ou la peuplade, de laquelle je viens de parler, qu’on trouve désignée dans les auteurs contemporains, tantôt sous le nom des Alains de la Loire tantôt sous le nom de Huns, et quelquefois sous celui de Scythes. On peut voir dans le chapitre dix-huitiéme du premier livre de cet ouvrage, par quelle raison tous ces noms-là convenoient aux troupes auxiliaires, dont il est ici question. Apparemment que nos Alains, soit qu’ils eussent un ordre secret d’Aëtius ou non, chargerent, quand ils eurent passé