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lit dans cette chronique : » Les Provinces Septentriona » les des Gaules s’étant laissé séduire par Tibaton, renoncerent à l’alliance de l’Empire Romain ; ce qui fut cause que dans toutes les Gaules, le menu peuple fit differens complots en faveur des Bagaudes ou de la République des Provinces-Unies. » Si l’on est choqué des termes impropres dont Prosper se sert pour dire, que les provinces septentrionales des Gaules se révolterent, on doit se rappeller l’observation que nous avons faite dès le commencement de notre ouvrage. C’est que les Romains vouloient bien traiter d’alliance, les liens qui attachoient les Gaules à l’empire, quoique ces liens fussent de véritables chaînes et même des chaînes très-dures.

Répondons à quelques objections qui peuvent se faire contre notre version du passage de la chronique de Prosper.

On pourroit dire en premier lieu que j’ai tort de traduire en faveur des Bagaudes ces mots latins in Bagaudiam, parce que in ne signifie pas en faveur, mais contre. Ce dernier sens, j’en tombe d’accord, est le sens de in le plus ordinaire ; mais cela n’empêche pas que dans les bons auteurs latins in n’ait aussi quelquefois l’acception d’ en faveur. Il y a plus : Gregoire de Tours employe in dans cette derniere acception, et il est certain par conséquent qu’elle a eu lieu dans la basse et dans la moyenne latinité.

Disons en second lieu pourquoi nous avons rendu Gallia ulterior, par les provinces septentrionales des Gaules. Le partage de la province des Gaules en Gaules plus reculées, ou en Gaules ultérieures, et en Gaules plus voisines ou citérieures, auquel se sont conformés quelques auteurs du cinquiéme siécle et du sixiéme, n’a été qu’une division arbitraire, et que l’usage seul avoit introduite dans le langage commun : la division des Gaules par rapport à l’Italie, en Gaules citérieures, et en Gaules ultérieures, n’avoit point lieu pour lors, ni dans l’ordre ecclésiastique, ni dans l’ordre politique. C’étoit une division de même nature que la premiere division des Gaules, en Gaules proprement dites, et en païs des sept provinces, de laquelle nous avons parlé si au long sur l’année quatre cens dix-huit. L’une et l’autre division étoient fondées probable-