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mis de toutes ses dignités, il vivoit comme un particulier à la campagne, lorsqu’il fut informé que ses ennemis vouloient le faire enlever. Il reçut cet avis assez à tems, pour avoir le loisir de gagner la Dalmatie, d’où il se sauva dans le païs des Huns, qui l’aimoient autant que s’il eût été un de leurs compatriotes. Rugila qui regnoit alors sur ce peuple, et qui est célebre dans l’histoire, pour avoir été le prédecesseur de Bléda et du fameux Attila, prit même les armes en faveur d’Aëtius, et il entra dans le territoire des Romains, qui de leur côté demanderent du secours aux Ostrogots. L’empire étoit donc menacé d’une guerre très-sanglante, quand la paix fut faite tout à coup. Sebastianus le gendre de l’ennemi d’Aëtius fut déposé, et réduit à s’en aller chercher fortune à la cour de Constantinople. D’un autre côté Aëtius fut fait patrice. En cette qualité il eut droit de commander par tout où ne se trouveroient point l’empereur ni le consul d’Occident. Idace et les deux Prospers, ou bien les deux ouvrages du même Prosper, marquent tous ces évenemens sur l’année quatre cens trente-deux, où Aëtius fut consul ; mais comme il ne paroît pas bien vrai-semblable que ces grands évenemens soient tous arrivés la même année ; d’ailleurs comme ils n’ont commencé d’arriver que sous le consulat d’Aëtius, et que les fastes de Prosper ne rapportent rien sur l’année quatre cens trente-trois, j’aime mieux croire que ce ne fut que dans cette derniere année que tous les troubles finirent, par le raccommodement de Placidie et d’Aëtius. Pour peu qu’on ait de connoissance de la méthode de nos chroniqueurs, on n’aura pas de peine à croire qu’ils ayent mieux aimé anticiper l’histoire de l’année suivante, en rapportant sur l’année quatre cens trente-deux des circonstances d’un évenement principal, qui n’appartenoient qu’à l’année quatre cens trente trois, que de couper en deux la narration de cet évenement.

Je crois pouvoir rapporter à l’année suivante quatre cens trente-quatre, sur laquelle on ne trouve rien non plus dans les fastes de Prosper, le soulevement d’une partie de celles des provinces des Gaules, qui étoient demeurées réellement sous l’obéïssance de l’empereur, et dont la chronique du même Prosper qui nous apprend cet évenement, parle sur la douziéme année du regne de Valentinien IIIe, où ce prince entra vers le commencement de l’année quatre cens trente-cinq. On