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du renversement de l’empire d’Occident, afin d’exposer ensuite plus intelligiblement les changemens survenus depuis ces tems-là, jusqu’au tems où étoit arrivé l’évenement qui l’obligeoit à faire sa digression, c’est-à-dire jusques vers l’année cinq cens trente-six. Procope expose donc après une description succinte des parties occidentales de l’Europe, en quel état étoient les Gaules vers l’année quatre cens soixante et quatorze, tems où commencerent les mouvemens qui donnerent lieu aux Ostrogots de se rendre les maîtres de l’Italie, et il dit en quel état elles étoient dans ce tems-là, où les Visigots ne s’étoient pas encore rendus maîtres de toutes celles des provinces des Gaules qui sont entre le Rhône, la Loire et l’ocean, et où ils ne s’étoient pas encore emparés de l’Espagne, pour la tenir en leur propre nom ; ce qui n’arriva que quelques années après quatre cens soixante et quatorze. Voici enfin le passage de Procope.

» Le Rhin, avant que de se jetter dans l’Ocean, forme plusieurs marécages où habitoient autrefois ces Germains qu’on nomme aujourd’hui les Francs, Nation peu celebre alors. Ils confinoient avec les Armoriques, qui comme tous les autres Peuples des Gaules & de l’Ėspagne, avoient été dans les tems précedens sujets de l’Empire Romain. A l’Orient des Armoriques habitoient les Turingiens, Peuple barbare à qui Octavius Cesar, si connu sous le nom d’Auguste, & le premier des Empereurs, avoit permis de s’établir dans cette Contrée. En marchant du côté du Midy, on trouvoit à quelque distance da païs des Taringiens celui que les Bourguignons habitoient. Plus avant dans les Gaules que le païs des Turingiens, étoit la Contrée tenuë par les Sueves & par les Allemands, Nations puissantes, & qui ne reconnoissoient point l’Empire. » On voit bien que Procope suppose ici que le reste des Gaules appartenoit encore alors aux Romains du moins en proprieté. Voici ce qu’il ajoute, en parlant des tems subsequens à l’année quatre cens soixante et quatorze.