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ser les Ostrogots de la Sicile et de l’Italie, et l’on sçait qu’elle commença dès cinq cens trente-cinq. Ainsi Procope commence le premier livre de l’histoire de cette seconde expédition, et que nous appellons le premier livre de la guerre Gotique, comme il a dû le commencer, c’est-à-dire, par rendre compte au lecteur de la maniere dont en quatre cens soixante et seize, les barbares avoient renversé le trône de l’empire d’Occident et s’étoient rendus maîtres de l’Italie, où devoit être la scene des évenemens qu’il alloit raconter. Il entre ensuite en matiere. Qu’arrive-t-il au bout de quelques pages ? à peine sa narration est-elle commencée, qu’un acteur inconnu entre sur la scene, et prend beaucoup d’interêt à tout ce qui s’y passe. Il y joüe un rôle important. Il faut donc que l’historien explique quel est cet acteur, et comment il se trouve mêlé dans tout ce qui se passe. Cet acteur nouveau, c’est la nation des Francs sur laquelle regnoient alors les fils de Clovis. Ainsi Procope se trouve dans la necessité de faire une digression pour expliquer quels étoient ces Francs, d’où ils venoient, comment ils s’étoient rendus maîtres des Gaules, en un mot comment ils étoient devenus assez puissans pour oser mesurer leurs armes avec celles de Justinien. Procope se reconnoît lui-même obligé à faire cette digression. Après avoir parlé des Francs à l’occasion de la jalousie qu’ils donnoient du côté des Alpes aux Ostrogots, il ajoûte à la fin de l’onziéme chapitre du premier livre. » Je vais donc exposer quelle étoit la premiere habitation de ces Francs connus autrefois sous le nom de Germains, de quelle maniere ils s’étoient rendus maîtres des Gaules, & enfin ce qui les avoit fait devenir ennemis des Gots. » Procope tient parole, et dans les chapitres suivans il fait un récit abregé, mais méthodique de tout ce que les Francs avoient fait depuis qu’ils avoient mis le pied dans les Gaules, jusqu’aux tems où cet historien les introduit sur son théâtre.

Dès que Procope avoit à faire une pareille digression dans une histoire écrite pour les Grecs, on voit bien qu’il lui convenoit de la commencer par une legere description des parties occidentales de l’Europe, pour parler après cela plus particulierement des Gaules, et dire l’état où elles étoient aux tems