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culiere de quelque Saint illustre, nous en avons un assez grand nombre, & l’on peut en tirer de grands secours, pour rétablir le commencement de nos Annales. De ce nombre, sont la vie de saint Germain, mort Evêque d’Auxerre vers le milieu du cinquiéme siécle, & écrite avant la fin du même siécle ; Celle de saint Césaire, Evêque d’Arles au commencement du sixiéme siécle, & dédiée par ses Auteurs à la propre sœur de ce Prélat ; Celle de S. Lupicinus, qui fonda dans le cinquiéme siécle, le célebre Monastere de Franche-Comté, connu aujourd’hui sous le nom de saint Claude ; Celle de saint Hilaire, Evêque de Poitiers, écrite par Venantius Honorius Clementianus Fortunatus, qui vivoit dans le sixiéme siécle, dont il étoit le meilleur Poëte, & qui fut lui-même Evêque de Poitiers. La vie de saint Remy écrite par Hincmar, est encore de ce nombre, quoique l’Auteur n’ait vêcu que dans le neuviéme siécle, parce qu’il s’est aidé pour la composer, d’une ancienne vie de cet Apôtre des Francs, faire peu d’années après sa mort. Je mettrai aussi dans le nombre des écrits, dont je parle ici, les Opuscules de Gregoire de Tours, qui tous ensemble, font un volume aussi gros que son Histoire.

Il est vrai que l’on peut ramasser dans toutes ces Histoires particulieres, bien des faits importans pour nos Annales, mais on ne sçauroit en faire usage qu’avec difficulté, parce qu’ils y sont épars, & qu’ils s’y trouvent souvent racontés sans aucune circonstance propre à en indiquer la date. Jamais les Auteurs des Ouvrages dont il est ici question, n’ont pensé que leurs écrits dussent un jour servir de Mémoires pour composer l’Histoire de France.

Suivant la disposition que nous avons faite, nous devons à present parler des Historiens profanes, qui dans le cinquieme siécle, & dans le siécle suivant, ont écrit les évenemens arrivés de leur tems. Comme ces deux siécles ont été des siécles éclairés, & comme d’un autre côté ils n’ont été que trop feconds en grands évenemens, ils doivent aussi avoir été fertiles en Historiens. En effet nous aurions de quoi nous consoler de la perte de ceux, dont les noms mêmes ne sont pas venus jusqu’à nous, si du moịns nous pouvions lire encore ceux dont nous connoissons les noms, & que nous sçavons certainement avoir mis par écrit les évenemens arrivés de leurs jours. Mais les ouvrages du plus grand nombre de ces derniers se sont perdus. Il ne nous en reste que quelques fragmens.

Telle a été la destinée d’Olympiodore qui vivoit sous les Em-