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droite de la Dyle a été du diocèse de Tongres, jusqu’à ce que ce diocèse ait été démembré, et qu’on lui ait ôté en mil cinq cens cinquante-neuf une grande partie de ses paroisses, pour les attribuer à l’archevêché de Malines[1], à l’évêché de Bois-Le-Duc, ou à quelques autres des nouveaux siéges que Philippe II roi d’Espagne fit ériger alors dans les Païs-Bas dont il étoit souverain. Personne n’ignore que l’évêché de Tongres est devenu l’évêché de Liege, parce que le siége épiscopale de ce diocèse a été transferé dans la derniere de ces villes. Enfin ce qu’ajoute Gregoire de Tours, immédiatement après avoir parlé de Dispargum : au midy de ces contrées habitoient les Romains qui tenoient le reste du païs jusqu’à la Loire, montre sensiblement qu’il a prétendu parler d’une contrée des Gaules, et non pas d’une contrée de la Germanie, lorsqu’il a fait mention du lieu où Dispargum étoit situé. Ainsi ce n’est point sur la droite du Rhin qu’il faut chercher ce Dispargum. Ce sera donc de cet endroit des Gaules, que partira Clodion, lorsqu’il se rendra maître de Cambray vers l’année quatre cens quarante-trois.

Il seroit curieux de sçavoir l’histoire de Theudomer, contemporain de Clodion, et dont Gregoire de Tours dit que ceux des fastes consulaires qu’on appelloit de son tems dans les Gaules, les fastes consulaires par excellence, faisoient mention ; mais ces fastes sont perdus, et aucun autre monument ancien ne fait mention de Theudomer. Quels étoient les fastes que Gregoire de Tours appelle les fastes consulaires absolument ? C’étoient apparemment ceux qui étoient tenus et rédigés par l’autorité publique dans la ville où résidoit le préfet du prétoire des Gaules, et sur lesquels on écrivoit consulat par consulat, année par année, ce qui étoit arrivé de plus considérable dans l’empire, spécialement dans le département de cet officier. Nous regretterons encore la perte de ces fastes, lorsque nous aurons à parler du consulat de Clovis. Je reviens à mon sujet.

L’histoire des tems postérieurs à l’année quatre cens vingt-huit, confirme ce que nous venons de dire touchant l’état où étoit la nation des Francs au commencement du regne de Clodion et touchant la situation de Dispargum. Il paroît en effet, quand on réflechit sur les faits qu’elle rapporte, qu’il faut que Clodion eût un pied en-deçà du Rhin, lorsqu’il surprit Cambray, et qu’il occupa en même tems le territoire qui est entre cette ville et la Somme. Je ne connois qu’une objection qui puisse être faite avec quelque fondement contre notre systême. Il est vrai

  1. Le Cointe Ann. Eccles. Fran. To. I. pag.59.