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Sueves après qu’ils eurent fait une pareille soumission à sortir d’Espagne où l’on les voit encore dans les tems posterieurs, on peut croire qu’il ne contraignit pas non plus les Francs indépendans, qui s’étoient établis dans les Gaules, à repasser le Rhin. Il força seulement les uns et les autres à s’avoüer sujets de l’empire, et à porter désormais les armes pour son service. C’en étoit assez pour faire dire à Prosper et à Cassiodore, qu’Aëtius avoit recouvré la partie des Gaules voisine du Rhin, de laquelle les Francs s’étoient emparés. N’avoit-il pas remis réellement cette contrée sous la domination de l’empire en réduisant les barbares qui s’y étoient cantonnés à s’avoüer sujets de l’empire et même en s’avoüant seulement ses hostes ou ses troupes auxiliaires ? Nous avons vû en parlant des quartiers donnés dans les Gaules aux Visigots, que les Romains comptoient que le païs où les barbares avoient des quartiers, ne laissoient pas de faire toujours une partie du territoire de l’empire, quoiqu’ils n’obéîssent point aux magistrats civils mais à leurs rois ou à leurs chefs nationaux dans tout ce qui ne regardoit point le service militaire ; quoiqu’ils ne vêcussent point suivant les loix romaines, mais suivant leur loi nationale.

Enfin on verra par un passage du panegyrique d’Avitus rapporté dans le dix-septiéme chapitre de ce livre, que lorsqu’en quatre cens cinquante-cinq, l’empereur qui vient d’être nommé, contraignit les Francs qui avoient fait une invasion dans la seconde Belgique, à se retirer dans leur propre païs, ces Francs se retirerent non point au-delà du Rhin, mais seulement au-delà de l’Alve, riviere du diocèse de Tongres et de laquelle nous avons déja parlé. Ainsi la colonie que nous avons vû que les Francs avoient sur cette riviere dès l’année quatre cens six et probablement plusieurs autres, étoient restées dans les Gaules en quatre cens vingt-huit.

Je ne crois pas néanmoins qu’Aëtius ait permis aux Francs de continuer à demeurer dans toutes les cités où ils s’étoient cantonés depuis quatre cens sept. Après les avoir réduits à capituler avec lui, il aura exigé d’eux qu’ils évacuassent quelques contrées, où il ne jugeoit point à propos de les laisser, et il leur aura permis seulement de rester dans quelques autres. S’il est loisible de conjecturer, il aura tiré des païs propres à donner entrée dans l’interieur des Gaules et dans l’Armorique,