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accrédité, & tout-puissant en Afrique, il refusa enfin de venir à Rome où l’Empereur le mandoit. Sur son refus & à la sollicitation de Félix, on lui déclara la guerre au nom de l’Empereur, qui en confia la conduite à Mavortius, à Galbio, & à Saonéces. Ce dernier trahit les deux autres. Ils furent tués dans le tems qu’ils alliégeoient Bonifacius, qui se défit ensuite de Saonécés, dont il avoit découvert les nouvelles menées. Cette guerre fut cause que des Nations qui n’avoient aucune connoissance de la navigation, ne laisserent point de passer la Mer. Le parti qui les appelloit en Afrique, leur fournir des vaisseaux. On donna la conduite de la guerre qui se faisoit contre Bonifacius, au Comte Sigisvaldus. Ce fut donc à la faveur de cette guerre-là que les Vandales passerent d’Espagne en Afrique. Suivant Idace, cette transmigration si funeste à l’Empire d’Occident se fit dans le mois de Mai de l’année quatre cens vingt-sept. Le Roi Genséric, dit notre Auteur, & tous les Vandales, qui emmenoient avec eux leurs femmes & leurs enfans, s’embarquerent au mois de May, fur les côtes de la Bétique, & abandonnant l’Espagne, ils mirent pied à terre dans la Mauritanie, d’où ils passerent dans la partie du continent de l’Afrique, qu’on nomme la Province d’Afrique. Isidore de Seville dit, en parlant du même évenement : Genséric le même qui abandonna la Religion Catholique, pour se faire Arien s’embarqua avec ses Vandales & toutes leurs familles sur les côtes d’Espagne, & il débarqua en Mauritanie, d’où il passa dans la Province d’Afrique. » On verra dans la suite que l’empereur, après avoir fait durant neuf ans bien des efforts inutiles, pour en chasser ces Vandales, fut enfin obligé à leur permettre d’y demeurer. La chronique d’Alexandrie ne place le passage des Vandales en Afrique qu’en quatre cens vingt-huit. On n’aura sçû positivement en Orient, que cette année-là, l’évenement dont il s’agit, ou ce qui est plus probable, l’auteur de cette chronique aura voulu parler de l’entrée des Vandales dans la province d’Afrique proprement dite, au lieu qu’Idace aura entendu parler de leur premier dé-