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sur le champ de bataille, et Anaolfus, un de leurs principaux officiers fut fait prisonnier dans l’action. Mais Valentinien avoit des affaires encore plus pressées, que ne l’étoient pour lui celles des Gaules. Il aura donc accordé et peut-être demandé un armistice à Theodoric roi des Visigots, qui tous n’étoient pas morts devant Arles. On ne voit pas du moins que les deux années suivantes Aëtius ait rien entrepris contre cette nation.

Voici quelles étoient les affaires que Valentinien avoit alors, et qui devoient lui tenir au cœur encore plus que celles des Gaules.

En premier lieu, Bonifacius qui, comme nous l’avons dit, s’étoit rendu le maître de l’Afrique, et qui s’étoit dit la créature de Placidie, avant que Valentinien eût été reconnu dans Rome empereur d’Occident, refusoit de prêter serment de fidelité à ce prince. Ou Bonifacius s’étoit accoûtumé à l’indépendance, ou bien il étoit persuadé sur un faux avis qu’Aëtius lui avoit fait donner, comme nous le dirons plus bas, que Placidie ne le mandoit à la cour que pour se défaire de lui. On a déja dit que l’Afrique nourrissoit Rome. En second lieu, les Juthunges, un des peuples de la nation des Allemands, s’étoient rendus maîtres de la Norique. Cette province située entre les Alpes et le Danube, étoit à l’Italie du côté du septentrion ce que sont les dehors à une place de guerre. Il falloit donc ou la reconquerir au plûtôt, ou se résoudre à voir incessamment quelque nouvel Alaric forcer les remparts de cette grande province, et s’avancer après avoir passé les Alpes jusques aux portes de Rome. On n’avoit rien de pareil à craindre des Visigots ni des Armoriques. Aussi voyons-nous qu’en l’année quatre cens vingt-sept, et quand on eut désesperé de ramener Bonifacius par la voye de la négociation, les forces que l’empereur avoit en Italie, furent employées à soumettre l’Afrique, et celles qu’il avoit dans les Gaules, à reconquérir la Norique.

« Bonifacius, disent les fastes de Prosper, étant devenu