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tés dans la premiere Narbonoise ; on leur donna même dans d’autres provinces quelques districts.

Comme Rome ne cedoit point aux Visigots la pleine propriété et la souveraineté des provinces où elle leur accordoit des quartiers, elle n’aura point eû autant d’attention pour ne point laisser enclaver le païs gardé dans les païs cedez, que les Etats qui font une cession absolue à un autre Etat, ont coutume d’en avoir dans ces occasions. Rome, c’est une observation que mon objet principal m’oblige de repeter, Rome, dis-je, qui ne permettoit aux barbares qui n’obéissoient pas à ses officiers civils, en un mot aux barbares ses hôtes, de s’établir sur son territoire que pour y jouir de certains fonds, dont le revenu devoit leur tenir lieu de solde, ne se faisoit pas une grande peine de loger quelquefois ces hôtes en des lieux séparés les uns des autres par des païs où ces barbares n’auroient point de quartiers. Au contraire, il convenoit à l’empire que les quartiers de nos confédérés ne fussent point contigus, afin qu’on pût couper plus aisément la communication entr’eux. Le retour des Visigots dans les Gaules, étoit donc l’effet du nouveau traité que Constance avoit conclu avec eux, et en vertu duquel ces barbares, avant que d’y venir reprendre leurs quartiers, dont le principal étoit à Toulouse, remirent à l’empire romain plusieurs contrées des Espagnes qu’ils avoient reconquises sur ses ennemis. Ce fut donc en quelque maniere pour récompenser les Visigots des services qu’ils lui avoient rendus, qu’il leur accorda de nouveau des quartiers dans les Gaules. En effet, nous allons voir que dans ces tems-là l’empereur envoya des officiers en Espagne, pour y gouverner le païs, dont les Sueves, les Alains et d’autres barbares s’étoient emparés depuis l’année quatre cens neuf, et dont les Visigots venoient de les chasser.

Quels étoient les motifs qui peuvent avoir engagé Constance à tirer les Visigots de l’Espagne, où ils servoient si bien les Romains, mais d’où ils n’avoient pas encore entierement chassé les autres barbares, et à leur donner de nouveau des quartiers dans les Gaules qu’il sacrifioit ainsi au bien géneral de l’empire ? Autant qu’on peut le deviner, Constance en avoit deux : le premier étoit de se servir des Visigots contre les Armoriques qui ne vou-