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ce tribunal auguste y étoit encore les dernieres années du quatriéme siecle ; très-probablement il ne fut déplacé qu’après la grande invasion que les barbares firent dans les Gaules en l’année quatre cens sept. Les guerres et les autres malheurs dont cet évenement fut suivi, et qui, comme nous l’avons vû, furent si funestes à la ville de Tréves en particulier, auront obligé le préfet des Gaules, qui ne devoit pas commettre sa dignité très-respectable à la verité, mais désarmée, à se retirer pour quelque tems dans un lieu moins exposé aux insultes des ennemis, et aux outrages des mauvais sujets. Aussi voyons-nous dans la vie de saint Germain que vers l’année quatre cens quatorze, et un peu avant qu’il fût fait évêque d’Auxerre, Julius préfet des Gaules se tenoit à Autun. Mais le désordre augmentant dans les Gaules, au lieu de diminuer, Julius ou quelqu’un de ses successeurs aura cru qu’il lui convenoit de s’éloigner encore davantage des païs ennemis ou suspects, et il aura été attendre dans Arles des conjonctures plus heureuses, et qui lui permissent de reporter son siége à Tréves.

Tant que ce siége ne pouvoit pas être à Tréves, il ne pouvoit pas être placé plus convenablement que dans Arles, demeure voisine de l’Italie, et située à une aussi grande distance des provinces confédérées, et de celles où les barbares s’étoient cantonnés, que le pouvoit être une ville des Gaules. Le Rhône la couvroit même du côté le plus suspect. Cette ville étoit encore plus à portée de l’Espagne qui étoit du département du préfet du prétoire des Gaules, que Tréves et qu’Autun. Il est vrai qu’Arles est bien éloigné de la Grande-Bretagne qui étoit aussi dans le département de ce préfet ; mais on a vû que cette grande province s’étoit soustraite dès l’année quatre cens neuf à l’obéissance des officiers de l’empereur. Il y avoit encore une convenance à mettre, pour ainsi dire, en dépôt dans Arles, le siége de la préfecture des Gaules, puisque cette ville étoit déja depuis long-tems la métropole de la province des Gaules, ou le lieu de la résidence du vicaire des dix-sept provinces, dans lesquelles se divisoit la province des Gaules. Nous avons dit que ce vicaire étoit le lieutenant que le préfet des Gaules avoit dans les Gaules, ainsi qu’il en avoit un autre en Espagne, et un autre dans la Grande-Bretagne.