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concernant la vanité des empereurs des romains d’Orient, qui dans la vûë de montrer qu’ils regnoient toujours sur un aussi grand nombre de provinces que leurs prédécesseurs, avoient coûtume, afin que ce nombre ne parût point diminué, quand les barbares leur en avoient enlevé quelqu’une, de partager alors en deux provinces, une des provinces qui leur restoient. Claudien introduit dans un de ses poëmes l’Orient qui se plaint de cette supercherie. La cour » dit ce Personnage allegorique, n’est occupée que de danses & de festins. Attentive uniquement à jouir de ce qui lui reste, elle songe peu à ce qu’elle a perdu. Cependant afin que les profits de ceux qui font trafic des emplois & des dignités, ne diminuënt point par la perte que l’Empire vient de faire de quelqu’une de ses Provinces, on partage en deux Provinces, une de celles qui nous sont demeurées. Cette malheureuse Contrée se voit alors condamnée à nourrir comme à enrichir deux Tribunaux & deux Officiers au lieu d’un. Le fardeau que portoit la Province démembrée de la Monarchie retombe sur la Province qui appartient encore à l’Empire. Le nombre de ses Provinces se multiplie quand son territoire diminuë. »

Les raisons qui empêchoient qu’on n’invitât la premiere Aquitaine à l’assemblée d’Arles, auront aussi empêché qu’on n’y invitât les deux provinces Germaniques et les deux provinces Belgiques, quoiqu’il y eût plusieurs de leurs cités où l’autorité de l’empereur étoit reconnuë. Les barbares en tenoient plusieurs autres, et d’autres étoient encore engagées dans la confédération Armorique.

Il faut faire encore une observation sur celle des dispositions de l’édit d’Honorius qui semble fixer dans Arles le siege de la préfecture des Gaules. Nous avons rapporté dans le premier livre de cet ouvrage que Constantin Le Grand avoit mis dans Tréves le prétoire ou le siége de la préfecture des Gaules, qui comprenoit les Gaules, l’Espagne et la Grande-Bretagne ; et l’on voit par l’histoire et par diverses loix des empereurs, que