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la Gaule narbonnoise d’y aller sans en demander la permission à l’empereur[1], quoiqu’une loy d’Auguste défendît à ces magistrats de sortir de l’Italie et d’aller dans les provinces sans une permission expresse du souverain. On avoit excepté cette portion des Gaules, ainsi que la Sicile, de la loy génerale, parce qu’on les regardoit, s’il est permis de parler ainsi, comme une extension, comme une continuation du territoire de l’Italie. La loy particuliere[2] faite en faveur des sénateurs de la Gaule narbonnoise avoit même été faite dès le regne de l’empereur Claudius. L’Aquitaine qu’on sçait avoir été un païs si poli du tems des empereurs, et si fertile alors en poëtes et en orateurs latins, faisoit presque toute l’autre partie du païs appellé les sept provinces au commencement du cinquiéme siecle. Voilà, suivant mon opinion, tout ce qui aura fait donner dans le langage ordinaire, cette dénomination à la contrée dont il s’agit ici.

Je ne pense donc pas, et je le répéte, que les sept provinces ayent jamais fait un corps d’état particulier et réellement distinct ni dans l’ordre civil ni dans l’ordre militaire, même après l’année quatre cens dix-huit ; mais cette année-là, les conjonctures où se trouvoient les Gaules, donnerent lieu à former une espece de corps d’Etat apparent plûtôt que réel, qui aura été composé de six de ces provinces demeurées dans l’obéïssance, et d’une autre province, qui par rapport à sa situation présente se trouvoit de même condition qu’elles. Ces six provinces auront donc été la Viennoise, la province des Alpes, la seconde Narbonoise, la premiere Narbonoise, la Novempopulanie et la seconde Aquitaine, qui étoient déja comprises dans le nombre des sept provinces. Les cinq premieres depuis le passage des Visigots en Espagne étoient pleinement sous l’obéïssance de l’empereur ; et jamais aucunes d’elles n’étoient entrées dans la confédération Armorique. Nous avons vû qu’il étoit probable qu’Exsuperantius eût ramené à son devoir la seconde Aquitaine, qui faisoit la sixiéme province. Honorius qui songeoit à rétablir l’ordre dans la partie des Gaules où il étoit le maître, en attendant qu’il pût obliger l’autre partie à reconnoître l’autorité impériale, aura donc jugé à propos en quatre cens dix-huit, de convoquer les Etats de ces six provinces. Il ne pouvoit point appeller les repré-

  1. Diod. lib. 52.
  2. L’année de Rome 802.