Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/309

Cette page n’a pas encore été corrigée

Toutes les Gaules ne se transformerent pas, s’il est permis de parler ainsi, en une contrée romaine dans l’espace d’un seul jour. La ressemblance qui se trouvoit sous l’empire d’Honorius entre les habitans des Gaules et les habitans de l’Italie, avoit été l’ouvrage de plusieurs siecles. Elle ne s’étoit introduite que successivement, et le progrès de la politesse et des mœurs romaines ne dut point même se faire par-tout également. Il étoit naturel que les provinces méridionales des Gaules, que celles qui furent appellées les cinq provinces, et puis les sept provinces se polissent et prissent les mœurs romaines plûtôt que les provinces septentrionales. Ces provinces méridionales avoient plus de commerce avec l’Italie, que n’en avoient les autres, et leur climat étant d’ailleurs semblable à celui de l’Italie, il favorisoit davantage l’introduction des bains et de plusieurs autres usages des Romains. Ainsi ces provinces méridionales étant venuës à se polir plûtôt que les autres, ayant pris plûtôt que les autres les mœurs et les usages des Romains, elles auront paru du moins durant un tems, plus semblables à l’Italie, qu’au reste des Gaules ; et par-là elles auront porté le monde à les distinguer du reste des Gaules par un nom particulier, qui leur sera même demeuré dans la suite, quoique, si l’on veut, le reste des Gaules fût devenu presqu’aussi romain qu’elles. Il suffit que la difference dont je parle, eût subsisté durant un tems. Or Pline qui vivoit sous Vespasien, dit, en parlant de la plus grande partie du païs appellé dans le cinquiéme siecle les sept provinces, et en suivant la premiere division des Gaules suivie par les Romains. » On appelle la Province Narbonnoise, cette Partie des Gaules qui confine à l’Italie, dont elle est séparée par les Alpes ou par le Var, & qui est baignée par la Mer Méditerrannée. Du côté du Seprentrion, la Narbonnoise s’étend jusqu’au Mont Jura, & jusqu’au Mont Gébenna. Au reste, la Gaule Narbonnoise est si bien cultivée, ses campagnes sont si bien ornées, ses Habitans ont tant de politesse & de capacité ; enfin elle est si opulente, que pour tout dire en un mot, on la prendroit plûtôt pour une portion de l’Italie, que pour la portion d’une Terre étrangere réduite en forme de Province. »

Il étoit même permis aux sénateurs romains originaires de