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Voici comment nous sçavons ce fait-là. Claudius Rutilius Numantianus étoit un homme de grande considération né en Aquitaine, mais qui avoit demeuré long-tems en Italie, et il y avoit même rempli plusieurs dignités éminentes, lorsque vers l’année quatre cens seize de l’ére chrétienne, il voulut revenir dans les Gaules sa patrie, où l’on se flattoit que le calme alloit être rétabli. Rutilius y revint en effet. Comme il étoit poëte, il lui prit envie, durant l’oisiveté à laquelle ceux qui sont en route se trouvent réduits quelquefois, de composer en vers la relation de son voyage ; et nous avons encore une grande partie de cette relation. Il nous y apprend qu’il se mit en chemin l’année onze cens soixante et neuf de la fondation de Rome, c’est-à-dire, l’année quatre cens seize de la naissance de Jesus-Christ.

Dans un endroit de son poëme, Rutilius dit, en parlant d’un Palladius, jeune homme d’une grande esperance, né dans les Gaules, et qu’on avoit envoyé à Rome pour s’y former ; « qu’Exsuperantius, le pere de ce Palladius, enseignoit actuellement aux Contrées Armoriques à cherir le retour de la paix ; qu’Exsuperantius y rétablissoit l’autorité des loix & la liberté, & qu’il y affranchissoit les Maîtres de la servitude où les tenoient leurs propres Valets. » Il étoit probablement arrivé dans les païs de la confédération Armorique, ce qui arrive ordinairement dans les païs qui se soulevent contre leur souverain, et qui veulent établir une nouvelle forme de gouvernement ; c’est que les personnes de condition médiocre qui sont plus hardies et plus entreprenantes que les citoyens notables, parce qu’elles sont moins satisfaites de leur condition presente que les autres, s’arrogent dans leur parti toute la considération, et qu’elles en abusent, pour opprimer ceux à qui elles obéissoient avant les troubles. » La noblesse des Provinces-Unies, & celles des Provinces Obéissantes, die Grotius, en parlant des troubles du Païs-Bas, demeuroient dans l’inaction, ou elles n’am-