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gauche de ce fleuve. Toutes les apparences sont que le païs que les Bourguignons occuperent alors, est le même que nous nommons à présent l’Alsace. Jovinus dans la vûë de conserver leur amitié, eut-il la complaisance de les y laisser prendre des quartiers ? Honorius pour les gagner, leur fit-il une concession pareille à celle qu’il venoit de faire aux Visigots ? Les histoires qui nous restent n’en disent rien.

Gregoire de Tours nous a conservé un fragment de l’endroit de l’histoire de Frigeridus, où il est parlé de la fin tragique de plusieurs des partisans de Jovinus et de Sebastianus. Le voici. » Dans ce tems-là, ceux qui commandoient pour Honorius, arrêrerent en Auvergne Decimus Rusticus que les Tyrans avoient fait Préfet du Prétoire des Gaules, Agoccerius un des principaux Ministres de Jovinus ainsi que plusieurs autres personnes de considération, & ils les firent mourir. » Comme l’Auvergne étoit une des cités de la premiere Aquitaine, et comme la premiere Aquitaine étoit une des provinces de la confédération Armorique, il faut que Constance et ceux qui commandoient pour Honorius dans les Gaules, eussent déja obligé une partie de cette province à rentrer dans le devoir. « La cité de Tréves (c’est Frigeridus qui reprend la parole) fut mise à feu et à sang par les Francs dans une seconde invasion qu’ils y firent. » Frigeridus comptoit sans doute pour la premiere irruption des Francs dans les Gaules, leur entrée dans ce païs-là, lorsqu’ils y vinrent joindre Jovinus en quatre cens onze, dans le tems que ce tyran se mettoit en marche pour aller attaquer le patrice Constance qui assiégeoit Arles. Il paroît aussi que Frigeridus compte pour la seconde irruption des Francs dans la cité de Tréves, les hostilités qu’ils commirent dans ce district qui tenoit peut-être le parti d’Honorius, lorsqu’ils vinrent dans les Gaules en quatre cens treize pour secourir Jovinus contre Ataulphe.

Suivant Jornandés, les hostilités des Francs et des Bourguignons, cesserent dès qu’Ataulphe fut bien établi dans les