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vertu de la concession qu’Honorius leur avoit faite. Elle étoit l’article le plus important du traité conclu avec eux, pour les engager à évacuer l’Italie et à se retirer au-delà des Alpes. Quoique nous n’ayons plus l’acte de la convention qui fut faite à ce sujet entre Ataulphe successeur d’Alaric roi des Visigots, et Honorius, nous voyons clairement par la suite de l’histoire, qu’il devoit porter, que les Visigots vivroient dans ces quartiers suivant leur loi nationale, qu’ils n’y auroient d’autre superieur que leur roi, et qu’ils ne rendroient d’autre devoir à l’empire que celui de le servir dans ses guerres comme troupes auxiliaires. La suite de l’histoire nous fait voir encore que les villes capitales d’une cité, quoiqu’elles se trouvassent assises au milieu des quartiers des Visigots, devoient demeurer en pleine possession de leur état, et que nos barbares n’y pouvoient mettre ni troupes, ni commandans, à l’exception toutefois de Toulouze. Il paroît que cette ville fut exceptée de la régle génerale dans la convention qui se fit alors, et qu’elle fut accordée au roi des Visigots pour y tenir sa cour.

Voilà, suivant mon opinion, le premier royaume ou la premiere colonie de barbares indépendante des officiers civils, et obligée seulement à des services militaires, laquelle ait été établie sur le territoire de l’empire par la concession du prince. J’ai déja dit que les peuplades de barbares, qui dans les tems précédens avoient obtenu la permission de s’établir dans quelque canton de ce territoire, ou qui après s’y être établies par force, avoient eu la permission d’y rester, n’avoient eu la permission de s’y établir ou d’y rester, qu’à condition d’y vivre en sujets de la monarchie, c’est-à-dire, d’obéir à ses loix et à ses officiers, ainsi que faisoient les anciens habitans.

Ataulphe qui avoit succedé au roi Alaric mort peu de tems après la prise de Rome, avoit bien voulu faire la convention dont nous venons de parler, en vue d’assurer à ses compatriotes un avenir tranquile, et les Romains avoient cru de leur côté qu’ils ne pouvoient point acheter trop cherement l’évacuation de l’Italie, et que c’étoit l’obtenir à bon marché, que la payer en livrant aux barbares une partie des Gaules et même toute la province, attendu l’état malheureux où pour lors elle se trouvoit réduite.

Les Visigots arriverent donc dans les Gaules l’année quatre cens douze, et ils prirent d’abord leurs quartiers dans les cités