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Je répondrai à cette objection, en faisant voir deux choses ; la premiere, c’est qu’il est très-difficile de composer une bonne Histoire de France, avec le secours de tous les monumens litteraires du cinquiéme & du sixiéme siécle qui nous restent. La seconde, c’est qu’une telle entreprise, qui n’est plus aujourd’hui que difficile, étoit comme impossible avant l’invention de l’Imprimerie, & même avant que tous les monumens dont il est ici question, eussent été non-seulement imprimés, mais encore expliqués & commentés, en un mot, mis par de sçavans Editeurs dans l’état où nous les avons aujourd’hui, ce qui n’a été achevé que vers l’année mil six cens soixante & dix.

Entrons en discussion, & commençons par exposer quels sont les monumens litteraires du cinquiéme & du sixiéme siècle, qui nous restent, & dont on peut se servir pour rétablir le commencement de nos Annales. Tous ces ouvrages doivent être distribués en deux classes.

Je mets dans la premiere tous les Livres d’Histoire écrits par des Auteurs contemporains ; & dans la seconde, tous les Livres qui ne sont pas une Histoire, & qui peuvent néanmoins fournir des matériaux propres à entrer dans la composition de la nôtre.

Les Livres de la premiere Classe se divisent naturellement en Histoires Ecclesiastiques & en Histoires profanes.

De nos Historiens Ecclesiastiques, les uns ont été Grecs, & les autres Latins. Comme il ne se trouve dans les Histoires Ecclesiastiques écrites en Grec pendant les siecles dont il est ici question, que trois ou quatre passages dont un Auteur qui compose celle de l’établissement de notre Monarchie dans les Gaules, puisse faire usage, je n’en parlerai point ici. D’ailleurs, Socrate & les autres Historiens Ecclesiastiques qui ont écrit en Grec, font suffisamment connus.

Pour parler des Historiens Ecclesiastiques Latins, les uns ont voulu écrire une Histoire générale, & les autres ont voulu seulement donner la vie de quelque Saint illustre.

Je ne mettrai point au nombre des premiers, Sévere Sulpice, quoi qu’il ait vêcu dans le cinquiéme siécle, & qu’il nous ait laissé un abregé de l’Histoire Ecclesiastique, parce que cet abregé ne va que jusqu’aux dernieres années du quatrieme siécle. Ainsi nos Auteurs d’une Histoire Ecclesiastique générale, se trouvent réduits à Orose & à Grégoire de Tours.

Paulus Orosius a écrit très-succintement, & son Histoire finit encore à la vingtiéme année du cinquième siécle. On ne lit donc