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correction n’est point admissible, parce qu’en l’adoptant il se trouveroit que Gondebaud auroit fait deux fois mention dans la même phrase, sous deux differentes désignations, des sols d’or d’Alaric, ce qui n’est pas soûtenable. En effet, Gondebaud ayant dit que son intention est de mettre hors de cours les sols d’or de quatre fabrications differentes ; sçavoir, ceux de la fabrication de Valentinien troisiéme, ceux de la fabrication de Genéve, ceux qu’Alaric avoit fait fabriquer avec trop d’alliage, et ceux d’une quatriéme fabrication, il est impossible que le nom par lequel il désigne cette quatriéme fabrication, soit le nom d’Alaric. En ce cas-là Gondebaud eût dit d’abord qu’il privoit de tout cours les especes d’or fabriquées dans trois monnoyes differentes. En faisant l’énumération des fabriques dont il décrioit les monnoyes, il auroit encore averti que les espéces d’or frappées au coin d’Alaric, lesquelles il mettoit hors de cours, étoient les mêmes sols d’or qui s’appelloient vulgairement alaricains.

Je crois donc que ce n’est point hazarder une conjecture sans fondement, que de lire dans la loi de Gondebaud armoricanos pour ardaricanos. Un copiste a pû changer aisément l’ m en d et l’ o en a. L’inattention des écrivains, qui comme nous le verrons dans la suite, a été cause qu’on lit aujourd’hui dans Procope arboricos pour armoricos, aura été cause aussi qu’on lit aujourd’hui dans la loi gombette ardaricanos pour armoricanos. Enfin, il est aussi probable qu’en cinq cens huit il restoit encore dans les Gaules une grande quantité de sols d’or, fabriqués dans les villes de la conféderation Armorique, où l’on avoit battu monnoye jusques à leur réduction à l’obéïssance de Clovis en quatre cens quatre-vingt dix-sept, qu’il l’est peu qu’il y eût encore alors un assez grand nombre de ces especes frappées au coin d’Ardaric, pour faire un objet aux yeux d’un législateur, et pour mériter qu’il les décriât expressément.

Quelle étoit la forme du gouvernement dans la république des provinces maritimes des Gaules, qui se confédérerent en quatre cens neuf ? Tout ce que nous en sçavons, c’est ce que Zosime nous apprend : qu’elles chasserent les officiers du prince, et qu’elles pourvûrent au gouvernement ainsi qu’elles le trouverent bon. Nous sommes réduits sur ce point-là aux conjectures. Il est donc probable que chaque cité aura conservé la forme de son gouvernement municipal. Chaque sénat aura