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briquoient, afin de se mettre au pair, avec les sols armoriques, et d’éviter l’inconvénient plus apparent que réel qu’il y auroit eu, si les sujets des provinces obéïssantes eussent donné dans le commerce aux sujets des provinces confederées des sols d’or meilleurs que ceux qu’ils recevoient des sujets des provinces conféderées. Gondebaud décrie de même les sols d’or que son frere Godégisile avoit fait fabriquer à Genéve, lorsqu’il y tenoit sa cour, soit par aversion pour la mémoire de Godégisile, soit par d’autres motifs. Notre législateur met semblablement hors de tout cours les sols d’or fabriqués à Toulouse au coin d’Alaric II. Tout cela est sans difficulté. Mais quels sont ces sols d’or ardaricains, dont la loi de laquelle il s’agit, déclare qu’elle ne veut point autoriser l’exposition.

Je ne trouve dans le cinquiéme siécle qu’un prince qui ait porté le nom d’Ardaric, et qui ait pû donner le nom d’ ardaricains à des sols d’or courans dans les Gaules. C’étoit un roi des Gépides, qui au rapport de Jornandés et de Sigebert le chroniqueur, fut un des rois soumis à l’autorité d’Attila. Il est vrai qu’Ardaric ne voulut point obéïr aux successeurs d’Attila, qu’il se mit dans une entiere indépendance, et qu’il se rendit même célebre, en donnant à plusieurs autres rois, qui comme lui avoient été soumis au roi des Huns, l’exemple de secoüer ce joug. Mais nous ne voyons pas qu’Ardaric ait jamais eu aucun établissement ni dans les Gaules, ni dans les autres contrées voisines de cette province. Il regnoit entre le Danube et le Pont-Euxin. Est-il probable que ce prince ait fait frapper dans ces païs-là une quantité d’espéces d’or telle, qu’il en fut passé dans les Gaules un si grand nombre, que cinquante ans après il y en restât encore assez pour mériter que Gondebaud en fît une mention particuliere dans une loi génerale concernant les monnoyes.

Ce sont apparemment ces réflexions qui ont fait penser à M Du Cange[1] que le texte de la loi de Gondebaud étoit corrompu, et qu’au lieu d’y lire ardaricanos, on pouvoit lire alaricanos. Mais comme l’a très-bien observé M De Valois[2], cette

  1. Gloss. Latin. ad vocem Ardaricani
  2. Valesiana, page 24.