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du poids des autres sols d’or qui étoient alors la monnoye courante, puisque ce n’est qu’à cause de leur titre qu’il les décrie. Il s’agit donc d’especes courantes et frappées depuis que les Romains étoient les maîtres des Gaules. Mais, dira-t-on, Majorien désigne bien superficiellement les sols d’or, dont il interdit le cours. Je réponds que cette désignation étoit suffisante pour ceux qui vivoient quand il publia son édit. Des loix précédentes à la sienne avoient déja statué sur les sols d’or qui s’y trouvoient décriés. Enfin, tout le monde sçavoit dans le cinquiéme siécle ce que signifioient les lettres qui sont dans les exergues des monnoyes du bas empire, et que nous ne sçavons pas lire aujourd’hui. C’étoit apparemment à ces lettres qu’on reconnoissoit le sol d’or gaulois, et qu’on discernoit les especes de bon titre, lesquelles avoient été frappées dans les monnoyes imperiales, d’avec les especes fabriquées dans les monnoyes des provinces conféderées, et même d’avec les especes de même valeur et titre que celles des Armoriques, lesquelles les empereurs peuvent bien avoir fait fabriquer par une mauvaise politique. Nous parlerons incessamment de ces dernieres especes.

Je crois même que c’est de ces sols d’or armoriques dont il devoit y avoir un grand nombre de répandus dans les Gaules, que fait mention une loi particuliere que Gondebaud roi des Bourguignons y publia probablement vers l’année cinq cens sept. Elle parle des especes d’or alterées, quant au titre, et sur tout de celles qu’Alaric II roi des Visigots venoit de faire frapper. Or nous verrons dans la suite que ce fut vers l’année cinq cens six qu’Alaric fit fabriquer cette espece de fausse monnoye. Voici la loi de Gondebaud : » Nous défendons de rebuter dans les payemens aucun sol d’or pourvu qu’il soit de poids, à moins qu’il ne soit d’une des quatre fabrications suivantes : sçavoir, de celle de l’Empereur Valentinien, de celle de Genéve, de celle qui a été faite dans le pais tenu par les Visigots du tems d’Alaric, & dans laquelle le titre de l’espece a été empiré, & enfin de celle d’Ardaric. »

Il n’y a point de difficulté sur les trois premieres fabrications. Gondebaud décrie les especes frapées sous Valentinien, parce que sous le regne de ce prince on avoit probablement alteré dans les monnoyes impériales le titre des sols d’or qui s’y fa-