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dès qu’elles se furent mises en république, userent du premier moyen de gagner quelque chose sur leur monnoye. Elles augmenterent la valeur de leurs especes de cinq pour cent, sans augmenter d’abord les matieres de ces cinq pour cent ; ils font encore la difference essentielle et permanente, bien que sujette à quelques variations dépendantes des conjonctures, laquelle se trouve entre le prix qu’ont aujourd’hui ces especes dans la banque d’Amsterdam, et celui qu’elles ont dans les payemens en deniers entre citoyen et citoyen. Elles ne sont reçûës que sur l’ancien pied dans les recettes que fait la banque qui les donne aussi pour le prix qu’elle les reçoit. Mais dans les payemens de particulier à particulier, elles sont données et reçûës sur le pied de leur nouvelle valeur. Les Armoriques auront pratiqué l’autre moyen, et ils auront, sans avoir augmenté le prix du marc, fabriqué des sols d’or, d’un titre plus bas que celui des anciens ; mais ausquels ils n’auront pas laissé de donner cours pour la valeur numeraire qu’avoient les anciens. Ce qui est certain, c’est que cinquante ans après la conféderation des Armoriques, il couroit dans l’empire des sols d’un titre plus bas, et qui s’appelloient les sols gaulois, parce qu’ils avoient été fabriqués dans les Gaules.

Nous avons déja cité l’édit que l’empereur Majorien, qui regnoit en quatre cens cinquante-huit, et environ cinquante ans après l’établissement de la république des Armoriques, publia, pour rémédier aux désordres, et aux abus qui faisoient gémir les sujets dans les Gaules et dans les autres provinces du partage d’occident. Un article de cette loi dit : « Nous défendons à ceux qui reçoivent nos deniers, de rebuter dans les payemens, sous quelque prétexte que ce soit, aucun sol d’or pourvu qu’il soit de poids, si ce n’est le sol gaulois, dont l’or est d’un titre plus bas que celui des autres sols. » Certainement la loi de Majorien ne statue point ici sur les especes d’or qui pouvoient courir dans les Gaules avant Jules-César. Lorsque Majorien regnoit, il y avoit déja cinq cens ans qu’elles étoient soumises aux Romains, trop jaloux des droits de la souveraineté pour avoir laissé courir si long-tems des especes frappées au coin des anciens princes : supposé qu’il y en eût encore, elles étoient devenues des médailles. D’ailleurs Majorien appelle lui-même sols d’or les especes dont il s’agit ; il suppose qu’ils sont