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LIVRE 2 CHAPITRE 3

CHAPITRE III.

De la République des Armoriques.


La révolte ou la conféderation des provinces Armoriques doit être regardée comme un des principaux événemens de nos annales, puisqu’elle a plus contribué qu’aucun autre, à l’établissement de la monarchie françoise dans les Gaules. Voyons donc puisque nous n’avons plus ce que Frigeridus avoit écrit probablement touchant la constitution de cette république, ce que nous pouvons sçavoir ou conjecturer concernant la forme de son gouvernement.

On a vû dès l’entrée de cet ouvrage que le gouvernement ou le commandement armorique comprenoit cinq des dix-sept provinces des Gaules ; sçavoir, les deux Aquitaines, et la seconde, la troisiéme et la quatriéme des Lyonoises. Il renfermoit encore, comme on l’a vû aussi, une partie de la seconde Belgique, c’est peut-être de la seconde Belgique qu’entend parler Zosime, lorsqu’il dit : que d’autres cantons des Gaules adhererent à la conféderation du commandement armorique ou maritime. La partie de la seconde Belgique qui étoit du gouvernement armorique, aura entraîné dans la révolte la partie qui n’en étoit pas.

Comme il y a plusieurs degrés dans la soumission des sujets au souverain, il y en a aussi plusieurs dans leurs révoltes. Quelquefois un peuple passe de la désobéissance au souverain, à une rébellion ouverte contre lui. Ce peuple non content de secouer le joug de son maître légitime, va jusqu’à prêter serment de fidelité à un autre prince, ou ce qui est à peu près la même chose, il érige son païs en une république indépendante. Quelquefois aussi les sujets se soulevent sans en venir jusqu’à une révolte consommée, c’est-à-dire, sans faire de leur païs une république qui se dise indépendante, et sans se donner à un nouveau souverain. Ainsi quoique les séditieux de cette derniere espece, refusent d’obéir aux ordres du prince, quoiqu’ils établissent de leur autorité de nouveaux commandans, et de nouvelles loix, ils ne laissent pas néanmoins de le reconnoître toujours, du moins de bouche, pour leur véritable souverain. C’est en son nom qu’ils agissent, même quand ils agissent contre lui. Quoiqu’ils chassent ses officiers, et quoiqu’ils fassent la guerre à ses trou-