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rêts, attaquer Constantin. Une pareille nouvelle allarma beaucoup le pere & le fils, qui crurent ne pouvoir faire mieux que d’envoyer Edobeccus lever au-delà du Rhin un corps de troupes auxiliaires. Peu de jours après, Constans partit lui-même, suivi de Décimus Rusticus, auparavant Grand-Maître du Palais, & qui venoit d’être fait Préfet du Prétoire des Gaules. Leur dessein étoit d’aller recevoir les Francs & les Allemands qu’Edobecous avoit eu commission de lever, & de les amener incessamment à Constantin.

C’est un malheur pour nous que Gregoire de Tours n’ait point extrait ce qui, dans le livre de Frigeridus, suivoit immédiatement la narration qu’on vient de lire. Nous sçaurions ce que le dernier historien, dont nous avons perdu l’ouvrage, disoit concernant le soulevement de la Grande-Bretagne, et celui de plusieurs provinces des Gaules. Mais Gregoire de Tours qui n’avoit que ses Francs en vûë, et qui ne copioit dans Frigeridus que les endroits où il étoit parlé de cette nation, aura interrompu son extrait à l’endroit où Frigeridus cessoit de parler d’eux, et il n’aura recommencé à transcrire cet auteur, qu’à l’endroit où cet auteur recommençoit lui-même à faire mention des Francs. Nous rapportons plus bas ce dernier passage de Frigeridus, où la fin tragique du tyran Constantin est racontée.

Autant qu’on en peut juger par la date des événemens, qui selon l’ordre gardé par Zosime dans sa narration, ont ou suivi, ou précédé la révolte de la Grande-Bretagne, et celle du commandement Armorique, ces deux révoltes sont arrivées en quatre cens neuf. Cette conjecture est confirmée par la chronique de Prosper. On y lit, quelques lignes avant l’endroit qui parle de la prise de Rome par Alaric, l’année quatre cens dix. « En ce tems les forces que l’empire tiroit de la Grande-Bretagne, furent perduës à cause du mauvais état où les affaires des romains se trouvoient. » On ne sçauroit douter que ce passage ne doive s’entendre de la révolution dont Zosime parle en termes plus clairs. Or suivant Zosime, le soulevement des Gaules suivit de près la révolte de la Grande-Bretagne. Ainsi ce soulevement doit être arrivé à la fin de quatre cens neuf, ou bien au commencement de quatre cens dix. Ce qui est de certain, c’est qu’il est arrivé avant la prise de Rome par Alaric, qui s’en rendit maître, et qui la pilla au mois d’août de cette année-là. La