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l’autre, on trouvera toujours que la date d’Idace devancera d’un an la date de nos chronologistes. Au contraire, la date d’Isidore qui a compté par années révoluës, quadrera avec celle de nos chronologistes qui ont compté de même, mais elle sera plus reculée d’un an que celle du chronologiste qui aura compté par années courantes, en calculant les tems, suivant l’ére de la fondation de Rome, ou suivant l’ére chrétienne.

Ce moyen d’accorder Isidore avec Idace, et de les concilier l’un et l’autre avec les chronologistes qui ont suivi l’ére de Rome ou bien l’ére chrétienne, ne m’a point paru souffrir dans l’application que j’en ai faite assez souvent, aucune contradiction sans réplique ; et d’ailleurs on trouve quelquefois dans la discussion d’autres questions chronologiques, qu’il faut que de deux écrivains qui ont calculé les tems relativement à la même époque, l’un ait compté par années courantes, et l’autre par années révoluës. Apportons une preuve. Tout le monde sçait que les tables de marbre antiques, qui contiennent les fastes des Romains, et qui se voyent encore aujourd’hui à Rome dans le Capitole, datent les consulats d’un an plûtôt qu’ils ne sont datés dans les fastes consulaires, publiés par le cardinal Noris, sur un ancien manuscrit, comme dans les autres fastes consulaires, rédigés suivant le calcul de Varron[1], et qui de copie en copie sont venus jusqu’à nous ; et cela nonobstant que l’époque et des tables du Capitole, et des autres fastes, soit également la fondation de Rome. Par exemple, le consulat de Scipion l’afriquain et de Crassus Dives, qui est marqué sur l’année de Rome cinq cens quarante-huit dans les tables du Capitole, n’est marqué que sur l’année de Rome cinq cens quarante-neuf dans les fastes rédigés suivant le calcul de Varron. D’où cela peut-il venir, si ce n’est de la raison que j’ai alléguée ?

Les Vandales évacuerent donc les Gaules dès qu’ils sçurent l’accommodement d’Honorius avec Constantin ; mais Alaric plus hardi, ou peut-être mieux informé qu’eux, ne sortit point de l’Italie. Le roi des Visigots comptant sur ses amis, ou sur la mésintelligence qui étoit toujours entre les deux empereurs reconciliés seulement en apparence, osa même s’approcher de Rome, et il ne leva le blocus qu’il forma autour de la capitale du monde, qu’après qu’on lui eut donné toutes les satisfactions qu’il prétendoit. On lui accorda même

  1. Com. Sigon. in Fast. Rom. fol. 10 & 65.