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d’Orient à son fils Theodose Le Jeune, qui étoit encore un enfant. En même tems Alaric roi des Visigots, et que la crainte d’Arcadius auroit pû retenir, descendit de nouveau en Italie. Il jetta donc Rome, qui prévit d’abord une partie des malheurs dont elle étoit menacée par cette invasion, dans des allarmes qui l’empêchoient de penser aux Gaules. En effet, Alaric devoit être d’autant plus redoutable aux Romains, qu’il marchoit contr’eux, à la tête d’une armée qui avoit appris la discipline militaire dans leurs camps. Lui-même il avoit servi long-tems sous Theodose Le Grand, qui lui avoit conferé successivement plusieurs des dignités de l’empire. Enfin, Stilicon, dont tout le monde, à l’exception de son maître, connoissoit les trahisons, fut massacré par les soldats. Tant de troubles mettoient si bien Honorius dans l’impossibilité de faire passer une armée dans les Gaules, que le tyran Constantin qui comme nous venons de le voir, en étoit le maître, crut qu’il pouvoit, sans s’exposer trop, employer une partie de ses forces à s’assûrer de l’Espagne. Il proclama donc César son fils Constans, et il l’envoya pour soumettre cette grande province du monde romain, dans laquelle l’empereur légitime avoit encore un parti considerable.

L’année suivante Honorius connoissant bien qu’il lui étoit impossible de faire tête en même tems, et au tyran Constantin, qui se mettoit en devoir de passer les Alpes, et au roi Alaric, qui étoit déja en Italie, fit avec le premier un traité, par lequel il l’associoit à l’empire. Ce traité eut d’abord un bon effet dans la Gaule. Les Vandales, les Alains, et les Suéves qui s’y étoient cantonnés et qui occupoient encore ses provinces méridionales, comptant bien qu’ils alloient être attaqués, firent un nouvel effort pour entrer en Espagne, dont les habitans deffendoient les passages depuis deux ans. Nos barbares s’exposoient moins en faisant cette invasion, qu’en tâchant de regagner le Rhin, et ils pouvoient esperer que Constantin, à qui ses interêts ne permettoient pas de s’éloigner trop des Alpes, ne les iroit pas chercher au fond de l’Espagne où ils alloient se cantonner.

Suivant Idace ce fut à la fin du mois de septembre, et au