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huit les troupes qui reconnoissoient encore Honorius, commencerent à se montrer en-deça des Alpes. Elles avoient à leur tête Sarus Got de nation, mais attaché depuis long-tems au service de l’empire d’Occident. Ce géneral remporta d’abord plusieurs avantages sur Constantin, et même il le réduisit à s’enfermer dans Valence où il l’assiégea. Mais bientôt Edobincus Franc de nation, et Gerontius originaire d’Espagne, qui commandoient pour Constantin en d’autres contrées des Gaules, eurent assemblé une puissante armée, avec laquelle ils s’avancerent vers le Rhône, pour dégager leur empereur. A leur approche Sarus leva le siege de Valence, pour se retirer en Italie, ce qu’il ne put encore exécuter qu’en capitulant avec les Bagaudes qu’il trouva postés dans les Alpes dont ils occupoient les gorges. Ils ne lui permirent de repasser en Italie qu’après qu’il leur eut abandonné tout le butin qu’il avoit fait dans les Gaules.

Comme c’est ici la premiere fois qu’il est question des Bagaudes, dont il nous arrivera souvent de parler dans la suite, il ne sera point inutile de dire ce qu’on peut sçavoir sur l’origine et la signification de ce nom, que les auteurs grecs qui ont occasion de faire mention de ceux à qui l’on le donnoit, employent toujours comme un nom propre, c’est-à-dire, en se contentant seulement d’en changer la terminaison.

Eutrope dit que sous l’empire de Dioclétien il y eut dans les Gaules un grand soulevement des habitans du plat païs, et que ces révoltés se donnerent eux-mêmes le nom de Bagaudes. Leurs chefs, ajoute notre auteur, étoient Amandus et Helianus. Aurelius Victor s’explique à peu près de même concernant ces mouvemens-là. « Diocletien, écrit-il, ayant appris qu’aussitôt que l’Empereur Carinus avoir eu quitté la Gaule, Helianus & Amandus y avoient attroupé un grand nombre de gens de la campagne, & de ces brigands, à qui leurs compatriotes