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un long siége. Celle de Reims qui étoit si puissante, Amiens, Arras, la Cité des Morins située à l’extrémité des Gaules, Tournai, Spire & Strasbourg sont au pouvoir des Germains. Les deux Aquitaines, la Novempopulanie, la Lyonoise & la Narbonoise ont été ravagées. Un petit nombre de leurs Villes a été exempt du malheur géneral ; encore sont-elles comme assiégées par l’ennemi qui les affame. Je ne puis retenir mes larmes en parlant de Toulouse, qui ne doit son salut qu’aux priéres de son saint Evêque Exsuperius. L’Espagne même qui se voit à la veille de la perte, est dans la consternation. Que de maux ! Il ne faut point s’en prendre à nos Princes qui sont très-religieux. Le mal est arrivé par la trahison de Steliçon, ce barbare travesti en Romain. » On ne doit point être surpris de l’extrême affliction avec laquelle saint Jerôme parle du malheur des Gaules. Tous les bons citoïens y auront été aussi sensibles que lui. ôter les Gaules à l’empire romain, c’étoit pour ainsi dire, lui couper le bras droit.

LIVRE 2 CHAPITRE 2

CHAPITRE II.

Révolte des armées. Soulevement des Provinces du Commandement Armorique.


L’indignation que des troupes romaines qui gardoient la Grande-Bretagne, conçurent contre la trahison de Stilicon, dont personne ne doutoit plus, leur fit prendre le parti de se révolter contre le prince qui employoit un ministre si perfide, et d’élire un empereur capable de chasser des Gaules les barbares, comme de venger la république. Ces troupes proclamerent d’abord un nommé Marcus, mais elles s’en défirent quelques jours après, et elles mirent en sa place un Gratien qui étoit né dans cette isle. Son regne ne dura que trois ou quatre mois, au bout desquels il fut tué, et il