Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/256

Cette page n’a pas encore été corrigée

entiere, ne sçavoient fabriquer alors que des étoffes mal tissues, des armes, ou les ustenciles grossiers de leurs ménages rustiques.

Les nations qui se liguerent ensemble par les menées de Stilicon pour faire une irruption dans les Gaules, furent les Alains, les Vandales et les Suéves. Nous avons déja parlé des Alains et des Vandales, et nous n’avons autre chose à rapporter concernant les Suéves, si ce n’est qu’ils étoient un des peuples de la Germanie. Après ce que nous avons dit concernant la disposition où étoient alors les barbares, on croira sans peine que les trois peuples que nous avons nommés, n’arriverent sur les bords du Rhin, qu’après avoir été joints par plusieurs essains des nations dont ils traverserent le païs. Nous verrons même qu’il y eut des sujets de l’empire qui se mêlerent avec eux.

Le dernier décembre de l’année de Jesus-Christ quatre cens six, fut la journée funeste où les barbares entrerent dans les Gaules pour n’en plus sortir. Nous ignorons où cette armée de brigands se forma, en quel lieu précisément elle passa le Rhin, et si elle traversa ce fleuve sur la glace, ou sur un pont dont les menées de Stilicon lui auroient facilité la construction. Les seules circonstances de ce fait mémorable qui soient parvenuës à notre connoissance, sont celles que nous lisons dans Orose, dans Procope, et dans un passage de Renatus Profuturus Frigeridus, que Gregoire de Tours nous a conservé. Orose dit : » La nation des Alains, celle des Suéves, celle des Vandales, & plusieurs autres qui se joignirent avec elles, excitées, comme je l’ai dit, par Stilicon, ayant passé sur le ventre aux Francs, traverserent le Rhin, envahirent les Gaules, & arriverent sans avoir trouvé d’obstacle qui les arrêtât, jusqu’aux pieds des Mons Pyrénées. » Ç’a été apparemment par inadvertance qu’Isidore de Seville a fait men-