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LIVRE SECOND

LIVRE 2 CHAPITRE 1

CHAPITRE PREMIER.

Etat de l’Empire Romain en quatre cens sept. Invasion des Vandales dans les Gaules.


Au commencement du cinquiéme siécle l’empire romain étoit divisé en deux partages. Arcadius l’aîné des fils de Theodose Le Grand étoit empereur des Romains d’Orient, et Honorius le puîné étoit empereur des Romains d’Occident. Les auteurs qui ont voulu loüer Honorius, ont été réduits à faire l’éloge de sa bonté, qualité aussi dangereuse dans un prince qui n’a point les vertus nécessaires aux souverains, que les plus grands vices. Honorius n’avoit point ces vertus, et sa bonté fut ainsi plus funeste à l’empire que les vices de Néron, et ceux de Domitien. Il paroît sur tout qu’il fut dépourvû du talent de se faire craindre. Que n’osent point les méchans, sous un souverain qu’ils ne craignent pas ?

L’empire romain étoit alors une monarchie entierement despotique. L’autorité de l’empereur y étoit même plus absoluë que ne le fut jamais dans l’Asie, celle d’aucun de ses monarques. C’étoient la violence et la crainte qui avoient rendu ces monarques indépendans des loix ; mais c’étoient les loix mêmes qui avoient attribué aux empereurs un pouvoir sans bornes. Tous les princes qui depuis deux cens ans ont voulu se rendre absolus dans leurs Etats, n’ont fait qu’y renouveller les loix du droit public de l’empire romain.

D’un autre côté, la conservation des Etats despotiques dépend presque entierement des talens du prince qui les gouverne. Comme en revêtant d’une portion de son autorité ceux qu’il employe, il leur confie un pouvoir absolu dans leur département ; que ne doit-il point arriver lorsqu’il choisit des hommes sans capacité, ou des traîtres ?

Il est vrai qu’on ne sçauroit reprocher à la memoire d’Hono-