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et qu’au contraire l’empire les employoit contre ceux des Francs dont il vouloit tirer raison.

Ammien Marcellin et Zosime qui font mention de ces hostilités des Francs, disent aussi que dans ce tems-là même les Francs servoient dans les armées romaines, et qu’ils remplissoient les dignités les plus éminentes de l’empire. Si les invasions et les courses faites par les Francs sur les terres des Romains, avoient été les évenemens d’une guerre génerale entre l’un et l’autre peuple, cette guerre auroit été presque continuelle, puisqu’il est fait mention fréquemment dans les auteurs du quatriéme siécle, d’hostilités commises par les Francs. Il y auroit eu entre les Francs et les Romains par conséquent, une animosité de nation à nation, que les intervalles de paix n’auroient pas éteinte. Eux et les Romains ils se seroient regardés comme les Carthaginois et les Romains se regardoient avant la destruction de Carthage, c’est-à-dire, ou comme ennemis déclarés, ou comme prêts à le devenir. Or, comme on vient de le voir, cela n’étoit point. Je conclus donc que les courses et les hostilités des Francs dont il est fait si souvent mention dans l’histoire du quatriéme siécle, étoient des entreprises faites, non point par le gros de la nation, qui au contraire les désavoüoit, mais bien par quelques audacieux attroupés, ou tout au plus par quelqu’une de nos tribus. Comme elles avoient chacune un roi particulier, il étoit naturel qu’elles tinssent souvent une conduite differente, et que tandis qu’une tribu qui avoit perdu une partie de son territoire, tâchoit à s’indemniser sur les Gaules, les tribus ses confederées observassent néanmoins les traités que la nation avoit faits à l’empire.

Ce qui arriva au commencement du cinquiéme siécle lorsque, comme on le verra dans la suite de cet ouvrage, les Francs se firent tailler en piéces, en voulant empêcher les ennemis de l’empire d’entrer dans les Gaules, enfin plusieurs autres événemens qui se sont passés dans ce siécle-là, ou dans le siécle suivant, et que nous rapporterons chacun en son lieu, acheveront de faire voir qu’il est plus que probable que le gros de la nation des Francs ait toujours, depuis son établissement sur la rive droite du Rhin, vêcu en amitié avec les Romains. C’est seulement de ceux de cette nation, qui contre son esprit géneral, avoient commis des hostilités dans l’empire, qu’il est mal parlé dans les auteurs du