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nent pâturer en cette saison dans les gorges septentrionales des Pyrenées. Mais les environs du bas Rhin et de la basse Meuse, étoient alors comme aujourd’hui, remplis de prairies, dont l’eau des rivieres qui se jettent en grand nombre dans ces fleuves, entretient la verdure. L’excès de chaleur qui pouvoit y dessecher quelquefois l’herbe, devoit dessecher aussi celle qui croissoit sur le bord de l’Elbe. D’ailleurs quel étoit alors l’état du païs situé entre le lit du Rhin et celui de l’Elbe ? Quels en étoient les habitans ? Qui l’ignore. Il ne seroit pas revenu la dixiéme partie des bœufs qui seroient partis de Cologne pour aller paître au-delà de l’Elbe, quand même chaque tête de bétail auroit eu un hercule pour la garder, tant il y avoit de Cacus sur cette route. Nous aurons encore plus d’une occasion de parler de la peuplade des Francs, qui dès le tems d’Honorius étoit déja établie sur l’Alve. Il n’est pas sans apparence que cette colonie s’y étoit formée dès le tems de l’empereur Probus qui regnoit environ cent trente ans avant Honorius. L’historien de Probus dont nous avons raconté déja les exploits contre les barbares, nous dit que ce prince délivra par ses victoires non-seulement l’intérieur des Gaules que les barbares ravageoient, mais qu’il contraignit encore ces peuples brigands à se retirer au-delà du Nécre et au-delà de l’Alve ; c’est-à-dire, premierement qu’il chassa entierement des provinces rhétiques les barbares qui les avoient envahies ; et secondement, qu’il contraignit d’autres barbares à évacuer la seconde Germanique, du moins jusques à l’Alve, au-delà de laquelle il voulut bien leur permettre de demeurer, aux conditions que les Romains avoient coutume d’exiger en pareil cas.

Après tout ce qu’on vient de lire, je ne serai point obligé pour persuader au lecteur que plus de deux cens ans avant le regne de Clovis, les Romains et les Francs fussent très-familiarisés les uns avec les autres, de faire valoir l’édit de Constantin Le Grand, cité dans une loi publiée par Constantin Porphyrogenete. Cette loi après avoir défendu de donner les princesses de la maison impériale en mariage à des barbares, permet cependant de leur faire épouser des Francs, et elle s’autorise, pour faire cette exception de l’édit du