Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/234

Cette page n’a pas encore été corrigée

il les prioit. Au milieu de l’hyver qui étoit fort rude, Arabogaste qui avoit une haine de famille contre Sunnon & contre Marcomer, deux des Rois des Francs, se rendit à Cologne, dans l’idée que la saison lui seroit favorable pour ravager impunément les Etats de ces Princes, parce que les arbres étant dépouillés de leurs feuilles, il seroit plus difficile qu’en un autre tems de lui dresser des embuscades. Dès qu’Arbogaste fut arrivé à Cologne, il tira l’armée Romaine de ses quartiers, & après avoir passé le Rhin, il mit à feu à sang les habitations des Bructeres, qui sont sur la rive droite de ce fleuve, & il traita de même la Tribu des Chamaves. Personne ne se mit en devoir de lui faire tête. Il y eut seulement un petit nombre de Cattes & d’Ampsivariens qui s’assemblerent sous le Duc Marcomer ; mais il ne se montra que sur la croupe de quelques montagnes voisines. J’observerai en passant, que suivant l’usage des Francs, la Tribu des Cattes & la Tribu des Ampsivariens, qui se mirent en campagne sous le commandement de Marcomer, devoient avoir chacune leur Roi. Mais obligées à se choisir un Chef commun dans la guerre qu’elles avoient à soûtenir, elles seront convenuës de prendre Marcomer pour leur Duc, c’est-à-dire pour leur Général.

Nous ne pouvons pas donner la date précise de tous ces événemens, et nous nous contenterons de dire qu’il est probable qu’ils arriverent en trois cens quatre-vingt-onze ; car il est certain que ce fut cette année-là qu’Arbogaste fit proclamer Eugéne empereur, et qu’il se rendit maître de la personne de Valentinien II, qu’il fit mourir à Vienne l’année suivante. Cette guerre des Romains contre les Francs fut bien-tôt terminée, puisqu’il est évident par le récit de Sulpitius Alexander, qu’Eugéne avoit fait déja la paix avec eux, lorsqu’il fut détrôné et mis à mort par l’empereur Théodose Le Grand, ce qui arriva en trois-cens quatre-vingt-quatorze.

« le tyran Eugéne, dit Sulpitius Alexander, s’étant mis