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une conjoncture fort délicate cet empereur confia le commandement d’un gros corps de troupes à Baudon et à Arbogaste. L’un et l’autre étoient Francs, ajoute cet historien, mais très-portés par leur inclination à servir l’empire, et même très-désintéressés, quoique barbares. D’ailleurs ils étoient hommes de projet et d’exécution. Il est parlé encore de ce Baudon qui fut consul en trois-cens quatre-vingt-cinq dans d’autres écrivains du quatriéme siécle. Saint Ambroise dans la lettre[1] où il rend compte à l’empereur Valentinien le jeune, de la négociation qu’il avoit faite par son ordre avec le tyran Maximus, fait mention de notre Baudon, comme d’un officier très attaché à ses maîtres.

Arbogaste, cet autre Franc qui servoit l’empire, ne ressembloit pas à Baudon. Ce fut Arbogaste qui se rendit maître de la personne de Valentinien II son empereur, et qui le fit mourir, après avoir mis sur le trône le tyran Eugéne. Voici ce qu’on trouve au sujet de cet événement arrivé vers l’année trois cens quatre-vingt-dix, et de quelques autres événemens qui l’avoient précédé, dans un des fragmens de Sulpitius Alexander. Je le rapporte d’autant plus volontiers qu’on y peut observer deux choses. La premiere, c’est qu’il y est fait mention, comme on l’a déja vû, du renouvellement des anciens traités, ce qui prouve que les Francs avoient fait des alliances avec l’empire long-tems avant l’année trois cens quatre-vingt-dix. La seconde, que des Francs servoient l’empire contre d’autres Francs ; ce qui fait voir que le gros de la nation ne prenoit point toujours part aux querelles que s’attiroit quelqu’une de ses tribus, en commettant des hostilités dans les Gaules. Comme chacune d’elles avoit son roi et ses intérêts particuliers, il devoit arriver souvent qu’une tribu commît des hostilités, quand les autres aimoient mieux s’en tenir à l’observation religieuse des traités.

Sulpitius Alexander, après avoir raconté dans son quatriéme livre la mort de Victor fils du tyran Maximus, et qui fut tué l’année trois cens quatre-vingt-huit, peu de jours après que son pere eût été défait et massacré par les troupes de Valentinien Ii, écrit : » Dans ce tems Carietto & Syrus, à qui l’on venoit

  1. Ep. 27.