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core du travail des barbares ses voisins qui venoient commercer avec lui, parce qu’il trouvoit, sans sortir de sa maison, des chevaux et des troupeaux à bon marché. Aussi voyons-nous que les auteurs du quatriéme siécle et du cinquiéme, mettent au nombre des actions les plus loüables de leurs heros, celle d’avoir sçu engager les barbares établis sur la frontiere de l’empire, à forger avec le fer de leurs armes des outils propres au labourage, à changer leurs bruieres en champs couverts de moissons, et leurs marais en prairies peuplées de bétail. Claudien employe toute son emphase à loüer Stilicon, le ministre et le géneral de l’empereur Honorius, d’avoir contraint les Saliens et les Sicambres à cultiver si bien la rive droite du Rhin sur laquelle ils habitoient, que le voyageur incertain ne pouvoit plus discerner quelle étoit la rive du fleuve qui appartenoit aux Francs, et quelle étoit la rive qui appartenoit à l’empire. Il faut, ajoute notre poëte, que le voyageur s’en informe aux gens du païs. Les Romains mettoient encore en usage un autre moyen d’engager les barbares qui habitoient sur la frontiere de l’empire, et particulierement les Francs, à ne point exercer d’hostilités. C’étoit de leur payer des subsides. Une des loüanges que Claudien donne à Stilicon, est que sa renommée avoit réduit ces rois Francs à longue et blonde chevelure, qui faisoient leur séjour où le Rhin se sépare en deux branches pour former l’isle des Bataves, ces rois qui étoient en possession de tout tems de faire acheter aux Romains par un tribut honteux la tranquillité des Gaules, et qui