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noms differens fussent les noms de la même tribu, d’autres font des Saliens et des Sicambres, deux tribus differentes.

D’ailleurs il paroît que lorsque les Francs eurent commencé dans le cinquiéme siécle à se faire en deça du Rhin des établissemens indépendans de l’empire, il se forma parmi eux de nouvelles tribus, composées d’essains échapés des anciennes tribus, et ceux des écrivains de ce tems-là, dont les ouvrages nous sont demeurés, ont négligé de nous apprendre en quelles occasions, ces peuplades s’étoient formées, quel nom elles avoient pris, et de quelles tribus elles étoient sorties. C’est ce qu’on peut dire, par exemple, de la peuplade établie dans le Maine, et de la peuplade ou colonie des Ripuaires.

Il n’y a point lieu de douter que toutes les tribus des Francs ne fussent confederées, et qu’elles ne fussent obligées par une alliance défensive, d’accourir au secours de celle qui seroit attaquée dans ses foïers. C’est ce qui fait que souvent les auteurs contemporains ont parlé de ces differentes tribus comme de plusieurs societés qui ne composoient qu’une même nation. Mais les faits qui vont être rapportés, supposent que cette alliance ne fut point offensive. J’adopte volontiers concernant le tems de leur premiere alliance, l’opinion de Monsieur Menson Alting, qui croit qu’elle se fit sous le regne de Maximin proclamé empereur l’an de Jesus-Christ deux-cens trente-cinq. Les dévastations que ce prince fit dans la Germanie, où, comme il l’écrit lui-même au sénat, il avoit pillé, ravagé, et brûlé près de deux-cens lieuës de païs, où il menaçoit encore, avec apparence d’exécuter sa ménace ; d’achever d’exterminer les habitans et de tout brûler jusqu’à la mer océane, y furent cause de plusieurs transmigrations. Durant cette guerre, des peuples entiers se seront retirés dans le fond de la Germanie, pour s’éloigner de l’ennemi. Après la mort de Maximin, et quand la terreur qu’il avoit jettée dans le nord eut été passée, d’autres peuples seront venus occuper le païs abandonné. Les peuples qui vinrent