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d’événemens qui font voir que nos rois commandoient en personne leurs armées. Elle ne fait aucune mention de ces prétendus généraux, nommés par la nation, quoique leurs démêlés avec les rois eussent dû l’obliger d’en parler assez souvent. On ne sçauroit regarder les maires du palais, comme les successeurs de ces généraux. Il n’y a point eu de maires du palais sous les premiers rois mérovingiens, et lorsqu’il y en a eu depuis, ces officiers étoient nommés, non point par la nation, mais par le roi qui les destituoit à son gré.

En second lieu, je crois que le passage de Tacite dont il est question, montre seulement que toutes les tribus des Germains n’avoient point chacune un roi, mais qu’il y en avoit plusieurs qui se gouvernoient en république, et qui par conséquent se trouvoient dans la nécessité d’élire un chef ou un général qui les commandât lorsqu’ils alloient à la guerre. Voilà pourquoi en faisant un pareil choix, ils n’avoient égard qu’au mérite militaire. Qu’il y eut plusieurs tribus de la nation germanique qui n’eussent point de roy, cela est évident par Tacite. Il dit dans un endroit de sa Germanie, que lorsqu’une tribu est assemblée pour déliberer sur ses intérêts, les prêtres font faire silence, et qu’ensuite le roi ou le premier citoïen prend l’avis des assistans. Dans un autre endroit notre auteur écrit que les affranchis n’ont aucune part à l’administration des affaires publiques, si ce n’est dans les tribus qui sont gouvernées par un roi. Il y avoit donc des tribus qui n’étoient pas gouvernées par un monarque. Nous rapporterons la suite de ce passage remarquable, quand nous parlerons du pouvoir de Clovis sur ses sujets.

D’ailleurs, lorsque plusieurs tribus joignoient leurs armes et qu’elles vouloient agir de concert dans quelque grande entreprise, il falloit bien qu’elles se choisissent un chef qui les commandât. On ne sçauroit faire la guerre, si le pouvoir de commander, n’est déposé entre les mains d’un seul.

Tous ces rois des Germains, ainsi que nous espérons de le faire voir, lorsque nous parlerons de l’avénement de Clovis à la couronne, étoient égaux en dignité ; aucun d’eux n’avoit le droit de commander aux autres.

Les devoirs de la roïauté consistoient alors à remplir en per-