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que des Saxons qui n’avoient pas voulu vivre sujets de Charlemagne, en userent en plusieurs occasions, et principalement quand ils voulurent, en l’année huit cens quatre-vingt-huit, entrer dans la partie du lit de la Seine, laquelle est au-dessus de la ville de Paris, dont ils n’étoient pas maîtres[1]. L’histoire moderne parle même en plus d’un endroit des flottes à qui l’on a fait faire d’assez longs trajets par terre ; sur tout on ne sçauroit ne se pas souvenir que Mahomet II désesperant, lorsqu’il assiégeoit Constantinople, de faire entrer par mer ses galeres dans le port de cette ville, parce qu’il avoit plusieurs fois attaqué sans succès l’estacade et la chaîne de bâtimens qui en fermoient l’ouverture, ce sultan vint à bout enfin de les y introduire, en les y transportant par terre.

Les Saxons étoient payens, et même le culte qu’ils rendoient à leurs dieux étoit très-cruel. Lorsqu’ils avoient réussi dans une entreprise, ils avoient coûtume de sacrifier à ces divinités une partie des captifs, afin d’obtenir un heureux retour. Cette nation avoit même plus d’éloignement que les autres nations barbares pour le christianisme, et l’on sait que nos rois eurent encore plus de peine à la convertir, qu’à se rendre maîtres de son païs.


LIVRE 1 CHAPITRE 17

CHAPITRE XVII.

Des Francs.


De toutes les nations germaniques qui habitoient sur la droite du Rhin et dans le voisinage des Gaules, les Francs étoient celle qui avoit le plus de liaison avec les Romains, et qui étoit la moins barbare. Suivant la carte géographique de l’empire romain, qu’on croit dressée sous l’empire d’Honorius, et qu’on appelle communément les Tables de Conrard Peutinger, à cause que ce fut lui qui trouva l’exemplaire antique dont Velser s’est servi pour les publier ; suivant, dis-je, les tables de Peutinger, le païs des Francs s’étendoit dans le cinquiéme siécle, depuis l’embouchure du Mein dans le Rhin, jusqu’à l’embouchure du Rhin dans l’océan. On trouve dans cette carte le nom de Francia écrit à la droite du cours du Rhin, et entre les deux bornes que nous venons de marquer au païs des Francs.

Procope confirme ce qu’on trouve dans la carte de Peutinger, touchant la contrée où habitoient les Francs avant que leurs

  1. Ana. Metenses ad annum 888.