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seaux, ne lui donnoit pas un si grand avantage sur eux. Aussi voyons-nous qu’à la bataille d’Actium, les gros vaisseaux d’Antoine furent battus par les vaisseaux legers d’Auguste. La même chose étoit arrivée déja en plusieurs autres combats de mer.

Je reviens à nos flottes saxones. Elles faisoient tantôt des descentes sur les côtes de la mer, et tantôt elles remontoient des fleuves, sans que les machines de guerre placées sur la rive, pussent les empêcher d’aller plus loin. Le canon auroit certainement retenu les Saxons, à cause de la grande destruction de leurs bâtimens fragiles qu’il auroit faite. Mais il n’y en avoit point dans les tems dont nous parlons, et les machines de guerre dont on se servoit alors, ne pouvoient être que des foibles armes, soit pour défendre une plage, soit pour en imposer aux bâtimens qui voudroient couler le long de la rive où elles étoient disposées. Il étoit trop difficile d’ajuster si bien les balistes et les catapultes, que les pierres ou les traits qu’elles décochoient, vinssent en rasant la superficie de l’onde, entammer à fleur d’eau les barques ou les vaisseaux contre lesquels on les lançoit. Nous avons assez de connoissance de ces machines la plûpart très-composées, pour juger encore qu’il étoit difficile de les transporter d’un lieu à un autre, et qu’il falloit beaucoup de tems pour les y monter, et les y mettre en état de tirer.

Lorsque les vaisseaux saxons avoient remonté un fleuve jusqu’aux endroits où il n’y avoit plus assez d’eau pour les porter, on les allégeoit en faisant mettre pied à terre à une partie de leur monde, qui suivoit ensuite la flotte, en marchant le long de la rive, et qui pouvoit même remorquer à bras nos bâtimens legers, lorsque le tirage étoit bon. S’il falloit que cette infanterie eût à traverser une riviere qui entroit dans le fleuve, que toute l’armée corsaire remontoit, nos bâtimens la passoient d’un bord à l’autre. Il n’y avoit que les barques plates, dont les Romains tenoient un grand nombre dans les fleuves, et les ponts enclos dans les murailles des villes, qui fussent capables d’arrêter ces barbares. Encore surmontoient-ils quelquefois cette derniere digue, en faisant ce que nos François du Canada appellent un portage. Les Saxons transportoient donc par terre leurs barques, depuis l’endroit du fleuve où une ville fortifiée les empêchoit de le remonter plus haut, jusqu’au-dessus de cette ville, et là ils les remettoient à flot. Comment voituroient-ils leurs bâtimens ? Comme nous avons vû que César avoit fait voiturer les siens.

Ce fut ainsi que les Normands, qui la plûpart n’étoient autres