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qui regnent ordinairement sur la mer germanique, et qui les amenoient presque toujours vent en poupe, jusques sur les côtes des Gaules.

Les Saxons étoient une de celles des nations germaniques dans lesquelles il y avoit deux ordres ; sçavoir, un ordre des nobles, et un ordre des simples citoïens, au lieu qu’il n’y avoit qu’un ordre dans plusieurs autres. Mais nous remettons la discussion de ce point-là à notre sixiéme livre, destiné à exposer quel étoit l’état des Gaules sous les enfans de Clovis qui avoient des peuplades de saxons dans leur royaume.

Nos Saxons étoient divisés en plusieurs tribus, dont chacune avoit un roi ou un chef particulier, comme les tribus des Francs, et ils passoient encore comme les Francs pour être des plus robustes et des plus braves des barbares septentrionaux. Aussi voit-on que les Saxons, dans les tems que leur païs ne confinoit point encore avec les Gaules, tâchoient cependant de pénetrer jusques dans cette province, en prenant passage sur le territoire des Francs. Un des plus grands exploits de Valentinien I qui monta sur le trône en trois cens soixante et quatre, fut la victoire qu’il remporta sur un corps de Saxons qui s’étoient mis en chemin pour faire une irruption dans les Gaules, et qu’il défit dans le tems qu’ils mettoient le pied sur le territoire des Francs qu’il leur falloit traverser pour entrer dans celui de l’empire.

Mais ce n’étoient pas ces incursions faites par terre qui rendoient les Saxons les ennemis les plus terribles que les Gaules eussent alors. C’étoit la guerre piratique qu’ils leur faisoient sans discontinuation. Les Saxons étoient dans le cinquiéme siécle le fleau des Gaules, comme les Normands l’ont été dans le neuviéme, et comme les corsaires de Barbarie le sont aujourd’hui de l’Italie et de l’Espagne.

Non-seulement les Saxons prenoient les vaisseaux qu’ils trouvoient en mer, non-seulement ils faisoient des descentes sur les côtes, mais ils remontoient encore les fleuves jusqu’à des lieux éloignés de leur embouchure de plus de quarante lieuës. Ainsi, dans un païs où l’on se croyoit à l’abri des ho-