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qui depuis plusieurs années en occupoient la plus grande partie, à se soumettre à lui. Ce fut par voye de négociation que deux ans après, c’est-à-dire, vers l’année quatre cens quatre-vingt-douze, Clovis fit reconnoître son pouvoir dans la partie des Gaules, qui est entre la Somme & la Seine, & qui obéissoit encore à l’Empereur, dans le tems où le Thrône d’Occident avoit été renversé.

En quatre cens quatre-vingt-seize, Clovis reçut le Baptême, & la profession qu’il fit alors de la Religion Catholique, engagea les Provinces Confédérées ou les Armoriques, à se soumettre à son autorité. Bientôt après ce qui restoit de troupes Romaines dans les Gaules, lui prêta encore serment de fidelité, & ces deux évenemens étendirent le pouvoir du Roi des Saliens jusques à la Loire, qui servoit alors de limites au Royaume des Visigots. Si Clovis en cinq cens sept, conquit à force d’armes les Provinces situées entre ce fleuve & les Pyrenées, ce ne fut point sur l’Empire qu’il les conquit : Ce fut sur ces Barbares qui s’en étoient emparés, il y avoit déja près d’un siécle. Ce fut même à la priere des Romains de ces Provinces, que le Conquérant entreprit une expédition, qui du moins fut approuvée par l’Empereur aussi-tòt après l’évenement. En effet, à peine étoit-elle finie, qu’Anastase Empereur d’Orient, mais dont l’autorité étoit reconnuë dans les Gaules, confera au Roi Clovis la dignité de Consul, qui lui donnoit l’administration du pouvoir civil dans tous les lieux où il auroit l’administration du pouvoir militaire. Nous avons dit déja que Constantin le Grand avoit rendu ces deux pouvoirs incompatibles, & que depuis son regne, les Empereurs ne confioient plus que l’un ou l’autre à chacun des Officiers, qui dans les Provinces representoient le Souverain, Mais le Consulat, la premiere des dignités que conferoient les Empereurs, réunissoit l’un & l’autre pouvoir, en donnant droit à ceux qui en étoient revêtus, de commander dans tous les lieux où le Prince n’étoit pas, avec la même autorité que le Prince auroit commandé lui-même, & par conséquent le droit de s’y faire obéir, & par les Officiers civils & par les Officiers militaires. Aussi Clovis ne manqua-t-il point à prendre possession du Consulat avec les cérémonies ordinaires, & dès-lors on s’adressa au Roi des Saliens comme au Consul, comme on s’adressoit auparavant a l’Empereur lui-même.

Les graces dont la nouvelle dignité de Clovis le rendoit maître de disposer, lui donnerent le moyen de commencer ce qui