Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/199

Cette page n’a pas encore été corrigée

simplement ce que nous pouvons sçavoir touchant les doüanes, les péages, et les droits que nous appellons droits d’entrée, lesquels se levoient sous les derniers empereurs.

Le droit de doüane que devoient acquitter toutes les denrées et marchandises qu’il étoit permis d’introduire dans l’empire, étoit le huitiéme denier du prix de leur estimation. Elles payoient ce droit à leur entrée dans le territoire romain, à qui que ce fût qu’elles appartinssent. La loi statuë même expressément, que les effets appartenans à ceux qui servoient dans les troupes, ne joüiroient d’aucune exemption ou diminution de ce droit de doüane.

J’ai dit les marchandises et denrées qu’il étoit permis d’introduire dans l’empire, parce qu’il y en avoit dont l’entrée étoit prohibée. Par exemple, il étoit défendu aux particuliers d’y faire entrer des étoffes de soye. Suivant une loi de Théodose Le Grand et de ses collégues, il n’étoit permis qu’au seul officier qui exerçoit l’emploi d’intendant général du commerce, d’introduire des soiries dans l’empire : ou l’on avoit voulu mettre en parti le commerce de cette marchandise, afin d’en faire entrer le profit dans les coffres du prince, ou l’on l’avoit cru si préjudiciable à l’Etat, que faute de pouvoir l’empêcher entierement, on avoit du moins tâché de le restraindre, en l’interdisant aux particuliers.

L’achat des soyes devoit faire sortir de grandes sommes de l’empire, parce qu’il les falloit tirer de Perse et des Indes. Il est bien vrai que dans le sixiéme siécle, il y avoit dans quelques villes de la Phenicie des fabriques d’étoffes de soye[1], mais il paroît en lisant l’auteur même qui nous apprend cette particularité, que les matieres qu’on y employoit venoient de Perse. Voilà pourquoi Tibére avoit défendu que les hommes portassent des habits de soye. C’étoit du moins diminuer de moitié un commerce si ruineux, et qui très-probablement étoit une des causes qui faisoient sortir chaque année de l’empire des sommes considerables d’argent comptant.

  1. Proc. hist. arc. pag. 110.