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ses sujets qui étoient dans l’impossibilité de s’acquitter, à se condamner eux-mêmes à un éxil volontaire. Cependant ces remises n’étoient pas sans inconvenient, et ce qu’on en peut dire de mieux, c’est qu’elles étoient quelquefois si nécessaires pour empêcher l’entiere désolation d’une province, qu’il convenoit de les faire nonobstant les conséquences. En effet, l’esperance de pouvoir gagner le tems où l’on publieroit une de ces indulgences, devoit porter les citoïens qui étoient le plus en état de payer leur contingent, à differer toujours de l’acquitter. Ainsi elles tournoient plûtôt au profit du riche, qu’au soulagement des pauvres, qui étant ordinairement dénués de crédit, sont les premiers que les receveurs des impositions contraignent à payer. L’empereur Julien qui avoit une profonde intelligence des maximes du gouvernement, croyoit ces sortes d’indulgences contraires à la saine politique, et il ne voulut point en accorder aucune durant son regne.

Je n’ai plus qu’une chose à dire concernant les impositions qui faisoient la seconde branche du revenu des empereurs, c’est que la quittance qu’on délivroit à ceux qui avoient acquitté toute leur cotte-part, s’appelloit sureté, en latin securitas.


LIVRE 1 CHAPITRE 14

CHAPITRE XIV.

Des Gabelles, Péages & Doüanes qui faisoient la troisiéme source du revenu des Empereurs. Des Dons gratuits, & autres revenus casuels qui en faisoient la quatriéme source, ou la quatriéme branche.


On voit par une loi du Code, que les empereurs romains s’étoient attribué le droit de faire seuls la marchandise de sel ; en un mot, que ces princes pratiquoient de leur tems ce que François I a depuis introduit en France, lorsque non content des droits que ses prédecesseurs avoient im-