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Faustines leurs femmes sur des especes d’or ayant cours. Comme l’égalité de poids et de titre qui se trouve entre les médailles des Antonins, et celle des Faustines, se trouve aussi entre les médailles des autres empereurs, et les médailles des femmes ou des parentes de ces empereurs, on ne sçauroit s’empêcher de croire qu’ils n’ayent eu aussi pour ces princesses la même complaisance que les Antonins ont euë pour les Faustines.

Je reviens à nos impositions. Comme elles excédoient ordinairement la somme que le peuple étoit en état de fournir[1], et qu’il ne pouvoit presque jamais les payer à leur échéance, les particuliers demeuroient toujours débiteurs de leurs officiers municipaux, et ceux-ci demeuroient à leur tour, débiteurs des officiers qui tenoient les caisses de l’empereur. C’est ce qui donnoit lieu à des vexations continuelles. On vendoit les héritages des particuliers débiteurs du fisc, et les communautés étoient obligées à emprunter à gros interêt l’argent des usuriers, pour n’être pas livrées à l’avidité de ceux qui en certains cas faisoient un traité public avec le prince pour le recouvrement des restes ou arrerages de ses revenus, et un marché secret avec ses officiers, par lequel ils partageoient avec eux le profit de cette entreprise à forfait. Aussi les empereurs qui cherchoient à se rendre recommandables par des actions de bonté, remettoient-ils de tems en tems aux provinces ce qu’elles leur devoient encore de vieux. On donnoit le nom d’indulgence à cette liberalité, et on voit par les médailles d’Adrien, de Severe et d’autres empereurs, qu’ils se sçavoient gré de l’avoir exercée. Tous les prédecesseurs de Justinien, dit Procope, avoient été dans l’usage de remettre non pas une fois, mais plusieurs fois durant leur regne, aux débiteurs du fisc les sommes dont ils se trouvoient reliquataires, et qu’ils étoient hors d’état de payer, afin que ces citoïens ne vêcussent pas en des allarmes continuelles, et qu’ils ne demeurassent pas toujours exposés aux poursuites des questeurs. Mais cet empereur ne fit aucune de ces remises génerales durant trente-deux ans de regne, ce qui obligea plusieurs de

  1. Cassiod. lib. Variat. xi. epost. 7.