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néanmoins aucun ordre du prince, qui les autorisât dans cette demande. Dès qu’il y avoit un pareil ordre, chacun pouvoit être contraint à son exécution. Une loi des empereurs Honorius et Theodose Le Jeune ordonne même que les fonds de terre dont ils étoient eux-mêmes proprietaires comme particuliers, en qualité de simples citoïens, payeroient leur contingent des taxes faites dans le canton, pour fournir des soldats de recruë.

Après avoir vû comment s’asseoient les impositions, et en quoi elles consistoient, voyons de quelle maniere elles étoient levées. Les décurions qui étoient chargés de la confection des differentes colomnes du canon géneral ou du canon par extension, étoient aussi chargés de la rédaction du capitulaire, ou du rôle particulier qui se signifioit à chaque citoïen, et qui contenoit la somme qu’il devoit payer, et les termes ausquels il devoit s’acquitter. On accordoit aux décurions une remise sur chaque rôle, pour les indemniser, tant des frais qu’il convenoit de faire pour contraindre les contribuables, que de l’interêt des sommes qu’il étoit nécessaire qu’ils avançassent, parce qu’il leur falloit payer le prince à jour nommé, et souvent avant qu’ils eussent encore reçu ce qu’ils devoient porter dans les caisses de l’Etat. Il est vrai que chaque contribuable pouvoit gagner lui-même cette remise, en portant au jour de l’échéance du payement de son imposition, les deniers dont il étoit débiteur dans les coffres du prince[1]. Il paroît aussi qu’en certaines occasions le prince faisoit lui-même contraindre les particuliers par des officiers de son tribunal envoyés à cet effet.

Non-seulement les décurions ont été chargés du soin de rédiger sous l’inspection des officiers du prince les colomnes du canon, et d’asseoir les taxes qui se faisoient en consequence sur chaque particulier, tant que l’empire d’Occident a subsisté, mais ils ont continué à être chargés de ces fonctions sous le gouvernement des rois barbares qui se rendirent maîtres des Gaules. Il est vrai que l’empereur Anastase changea l’ancien usage dans l’empire d’Orient. Suivant Evagrius, ce prince à la persuasion de Marinus, un Romain syrien qu’il

  1. Cassiod. lib. 32. Var. ep. 2.