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me ceux qui gouvernent les finances d’un souverain, sont encore plus industrieux à inventer des moyens d’augmenter son revenu, qu’à imaginer des projets pour soulager les peuples, on n’aura point de peine à croire que si les Romains avoient trouvé l’expédient d’associer plusieurs personnes au payement d’une seule cotte-part, ils n’eussent aussi trouvé celui de faire porter à la même personne plusieurs cotte-parts de la capitation. En effet, nous avons encore une requête en vers que Sidonius Apollinaris présenta en l’année quatre cens cinquante-huit à Majorien, pour suplier cet empereur de le décharger de trois cotte-parts de la capitation ausquelles on l’avoit imposé, en haine de ce qu’il avoit été du parti oposé à cet empereur. Comme chaque cotte-part s’appelloit quelquefois une tête absolument, Sidonius supplie Majorien de le défaire de ces trois têtes, c’est-à-dire, de les réduire à une, en lui representant qu’il ne peut subsister sans cela. Il compare cette triple capitation à un nouveau Geryon. Si dans les deux vers que nous rapportons, Sidonius donne à la capitation le nom de tribut public, quoiqu’elle n’en fût qu’une partie, c’est qu’il est ordinaire à ceux qui parlent de ces sortes de choses, principalement s’ils en parlent en vers, de prendre souvent, comme nous l’avons déja remarqué, la partie pour le tout. Sidonius d’ailleurs n’étoit pas un financier.

Non seulement l’âge exemptoit, comme on l’a déja vû, plusieurs personnes de la capitation[1], mais beaucoup d’autres encore étoient dispensées du payement de cette imposition par leur dignité, par leur profession, ou bien à titre de privilége accordé à quelques cités.

  1. Cod. Just. lib. xi, tit. 45. Lege unica.