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de leurs Rois, & dans l’indépendance des Magistrats Romains. On aura ſeulement exigé de ces Barbares, qu’à l’avenir ils se contiendroient dans les bornes des quartiers qu’ils avoient pris par force, qu’ils se conduiroient en bons & fideles Alliés de l’Empire, & qu’ils le serviroient dans les occasions, comme troupes auxiliaires.

La Tribu des Saliens sur laquelle Mérovée le successeur de Clodion regnoit alors, celle des Ripuaires, & peut-être quelques autres Tribus, auront été du nombre des Peuplades de Barbares avec qui cette Capitulation fut faite, & qui furent admises à demeurer sur le territoire de l’Empire en qualité de ses Hostes. C’est le nom que se donnoient eux-mêmes les Barbares, dont ces forces de Colonies étoient composées. Il est même probable que nos Francs furent ceux des Etrangers, à qui les Romains accorderent avec le moins de répugnance la concession dont nous venons de parler. L’une & l’autre Nation, comme il a été observé, fraternisoient ensemble depuis deux siécles.

Mérovée accomplit tous les engagemens qu’il avoit pû prendre, & il servit avec fidelité dans l’armée Romaine, qui battit les Huns à la célébre journée des champs Catalauniques en l’année quatre cens cinquance & un. Childéric fils & successeur de Mérovée rendit aussì des services signalés à l’Empire, dans les guerres qu’il eut à soutenir contre les Visigots qui vouloient envahir les pays voisins des quartiers qu’on leur avoit donnés dans les Gaules, & contre les Saxons qui sans cesse y faisoient des descentes. Il paroît même que ce Prince ait été l’un des Généraux des Romains. Les Rois Barbares ne croyoient point alors se dégrader en acceptant les grandes dignités militaires de l’Empire. Au contraire, ils tenoient à honneur d’en être revêtus & d’en exercer les fonctions. L’Empereur de son côté, n’avoit point une trop grande répugnance à leur confier ces emplois, parce que, comme nous le dirons plus au long dans la suite, les dignités militaires ne donnoient plus, depuis Constantin le Grand, aux Officiers qui en étoient revêtus, aucune autorité dans les affaires de Justice, de Police, & de Finance, L’Officier qui commandoit les troupes dans un département, n’y avoit plus aucun pouvoir dans toutes ces affaires, & réciproquement les Magistrats à qui elles étoient confiées, n’y avoient plus aucun pouvoir sur les troupes.

Childéric vivoit encore, lorsqu’en quatre cens soixante &