Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/17

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment, avoient entr’eux, ouvroient sans cesse aux Barbares de nouvelles portes pour rentrer dans ce pays, ou des occasions d’y aggrandir le territoire dont ils s’étoient maintenus en possession.

Cependant l’Empereur regagnoit toujours du terrein, lorsqu’en quatre cens trente-neuf, l’armée qu’il avoit dans les Gaules fut battue par les Visigots, & Carthage Ville Capitale de la Province d’Afrique, prise par les Vandales. La perte de cette armée & la nécessité d’employer la plus grande partie des forces qui restoient encore à l’Empire d’Occident, pour garder les côtes de l’Italie, devenuës un pays frontiere par la prise de Carthage, dénuerent les Gaules de troupes. Voilà la conjoncture dans laquelle les premiers fondemens solides de la Monarchie Françoise y furent jettés.

Vers l’année quatre cens quarante-quatre, Clodion qui regnoit sur celle des Tribus des Francs qui s’appelloit la Tribu des Saliens, & qui, soit par une concession particuliere de l’Empereur, soit par force, avoit conservé un coin de pays sur la frontiere du district de la Cité de Tongres, se saisit de Cambray, & il se rendit maître en même tems de la contrée qui est entre cette derniere Ville & la Somme. Ce fut aussi pour lors, suivant l’apparence, que les Francs connus dans nos Annales sous le nom de Ripuaires, s’emparerent d’une partie du pays renfermé entre le Bas-Rhin & la Basse-Meuse.

Aëtius fit aussi-tôt la guerre aux Francs Saliens, mais il n’étoit pas encore venu à bout de les obliger à évacuer le pays occupé, lorsqu’on fut informé dans les Gaules qu’Attila Roi des Huns & le plus puissant des Rois Barbares, se disposoit à y faire incessamment une invasion, & que plusieurs Peuples s’étoient engagés à suivre ses enseignes, dans l’esperance de partager entr’eux cette grande & riche contrée. La crainte suspendit les guerres qui s’y faisoient. Les Romains qui commandoient dans les Provinces des Gaules qui obéissoient encore à l’Empereur, traiterent avec les Romains des Provinces Confédérées, à qui l’on accorda une Pacification, en vertu de laquelle ils devinrent les Alliés de l’Empire, de ses Sujets qu’ils étoient auparavant. Les uns & les autres s’unirent ensuite avec les Barbares établis déja dans la Gaule, & ce qui s’est passé dans la suite, montre qu’alors il fut permis à plusieurs de leurs nouvelles Colonies de tenir paisiblement les pays dont elles s’étoient mises en possession, & d’y vivre avec leurs femmes & leurs enfans, sous la souveraineté